Il y a quelques semaines encore, on aurait pu croire nos revendications éteintes pour des lustres et notre « ministre » enfin satisfaite de savourer sa victoire. C'était oublier l'extraordinaire ressort qui en chacun être humain se tend lorsqu'une injustice s'est outrageusement installée.
Armés de courage et de lucidité, des confrères ont su frapper à la bonne porte et le haut de l’édifice s’est effrité. Le Conseil Constitutionnel a tranché : la part complémentaire restera à régler par le patient. Le TPG a donc du plomb dans l’aile. Mais prudence ! La partie n’est pas gagnée.
Voici une solution qui pourrait donner à cette mesure mal-aimée coup plus décisif…
Il y a des phrases qui attirent l'attention.
Dernièrement un des membres éminents du CNOM aurait fait, en privé et en marge de récents propos publics, une déclaration qui recèle une véritable idée de génie… Tardive certes mais ô combien pertinente !
Cette phrase extraordinaire, habillée de bon sens des pieds à la tête, aurait donc été prononcée par un membre important du CNOM, peut-être même par sa plus haute sommité ; on n'en a toutefois aucune certitude.
La voici : « Nous avons organisé la grande consultation auprès des médecins, mais, aujourd'hui nous en sommes convaincus, c'est par un référendum au sein de la profession qu'il aurait fallu commencer et ceci dès le tout début. »
Sous-entendu, un référendum dont on aurait pu opposer le résultat à la ministre – résultat bien évidemment, supposé sans équivoque…
Idée de génie…
« Bon sang ! Mais c'est bien sûr ! » Cette idée est excellente. Comment n’y avait-on pas pensé plus tôt ! Les idées de génie sont là, à la portée de tant de mains… La foule peut passer à côté et… personne n'y prête attention !
On peut se consoler ; Aristarque de Samos, pas moins de III siècle avant J. C. avait émis l'hypothèse de l'héliocentrisme… et celui-ci, comme chacun sait, n'a été reconnu et accepté que… 1 700 ans plus tard par Copernic et Galilée !
Donc, rien d'étonnant à ce que, dans le feu de l'action, on ait oublié de penser au référendum à un moment où il eût été pourtant très opportun de le faire.
D'où votre extraordinaire lucidité, CNOM, à laquelle nous devons tous rendre hommage !
Pensez, durant toute cette année 2015, pas le moindre syndicat, pas un seul dirigeant d'un seul groupe de parole, pas un confrère dans tout l'Hexagone n'a évoqué l'option d'une consultation référendaire !
Et pourtant, Dieu sait l'extraordinaire impact qu'un tel outil aurait eu sur le cours des ambitions gouvernementales…
Légitimité d’une consultation référendaire
Question légitimité, la consultation référendaire n'est-elle pas la démarche la mieux adaptée à ce type de situation ?
N'est-ce pas le référendum que l'on sort de sa boîte lorsqu'une question cause de l'embarras et finit par tarauder les esprits ; que dans un pays on veut redonner un peu d'éclat aux lettres du mot « démocratie ».
Et puis enfin, quoi de plus juste – et n’est-ce pas la moindre des choses – que de demander aux professionnels, à tous ceux qui, au quotidien, font vivre la médecine en la pratiquant auprès de leurs patients (patients qui entre nous soit dit, semblaient parfaitement s'en accommoder), quel est leur opinion sur le sujet et s'ils veulent voir changer le système qui est le leur et dans lequel ils sont, délibérément et en toute connaissance de cause entrés un jour, bref les interroger en leur demandant de répondre à la simple question : « Voulez-vous du TPG, souhaitez-vous l'étatisation de la médecine, acceptez-vous que des organismes de tutelle comme les ARS chapeautent désormais, en plus des CPAM, l’essentiel de vos activités ? On vous demande une seule réponse : OUI ou NON. »
Impact extraordinaire d’une telle consultation !
Madame la ministre, vous nous avez parlé sans nous écouter et, pis que cela sans nous regarder, de gratuité des actes, du socle de votre réforme, de « modernisation de la médecine », etc.
Aujourd’hui, le Conseil Constitutionnel a reconnu le caractère insuffisamment achevé d’une partie de votre projet.
Maintenant, tenez-vous bien car nous allons faire un référendum interne à la profession. Ainsi, vous saurez pour votre gouverne et à toutes fins utiles que la corporation des médecins est assurément hostile à plusieurs de vos mesures. Vous le saurez avec des chiffres. À quel taux, nous l’ignorons encore, mais attendez-vous à ce que le score soit élevé, 75, 80, 85 %, peut-être davantage !
Quand on sait que vous, les politiques – hormis quelques exceptions –, vous surfez pour vous faire élire ou réélire, avec d’ordinaire des suffrages avoisinant les 51 %…
Et puis, lorsque des idées rassemblent, il est judicieux que tout un chacun en prenne connaissance ?
Maintenant, l'interrogation suivante est : la loi est votée ; n'est-il pas trop tard pour faire ce référendum ? D’abord, compte tenu de la manière dont les professionnels de santé ont dû subir durant deux années tous ces événements plus qu’ils n’ont eu la possibilité de les gérer, l'idée tardive d'un référendum, et même après un passage de la loi à l'Assemblée, n'est ni une utopie ni un luxe ! Dans le présent contexte, c'est une absolue et juste nécessité.
Ensuite, accepter ce tiers payant généralisé même partiel – règlement des médecins par les CPAM – représenterait une réelle sujétion dans nos exercices, dans tous les cas, une incompatibilité profonde avec le principe de la médecine libérale et, dans le même temps, un risque énorme : celui de voir, un jour ou l’autre, le plat nous être resservi ! Or de ce plat nous ne voulons pas.
Enfin, et ceci vaut en tout et partout, ce qui est légitime ne doit jamais souffrir de ne pas être.
En conclusion
Ne ratons pas cette fois l'occasion d'aller jusqu'au bout de nos convictions.
Car, accepter la loi, sans faire ce référendum, laisserait à tout jamais dans nos rangs et dans nos cœurs l’amer sentiment d’avoir été dépossédés d’une partie de nous-même.
En moins d'un mois, top chrono c'est faisable ! Gouvernement, vous avez refusé toutes honnêtes discussions avec les professionnels de santé ; vous avez balayé, avec beaucoup de mépris, toutes leurs revendications, allant même – oui, il faut le dire – jusqu'à vous servir du cours dramatique des événements pour parachever en catimini et à la va-vite votre projet…
Bref, rien jusqu’à présent dans votre conduite qui justifie que l’on vous porte au pinacle !
Aujourd'hui, le projet est écorné.
Voici une opportunité pour vous racheter. Vous allez enfin savoir, par le vote, ce que la majorité d’entre nous pensent de votre loi.
Ensuite ce sera encore à vous de trancher, mais cette fois en toute connaissance de cause. Alors, vive la République et surtout… vive la démocratie !
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