Après un immense espoir lors de sa nomination, deux ans et demi après, la trace de notre consœur hématologue Agnès Buzyn au ministère de la Santé ne paraît pas assez prégnante pour initier le redressement de notre système de santé… En tant qu’hématologue, j’attendais peut-être trop qu’elle utilise son expérience singulière de soignante des malades atteints de pathologies lourdes et chroniques, qu’elle contribue ainsi à remettre les malades et les soignants au centre du système de soin.
La Loi de santé est une série de mesures marginales qui ne réglera pas la crise qui touche les soignants de proximité, les inégalités et iniquités de l’offre de soin qui accentue les insuffisances territoriales. Les énormes technostructures hospitalo-universitaires devenues inefficientes et ingérables ont détruit les établissements sanitaires de proximité polyvalents et le soin ambulatoire, impacté par une hyper administration au sein des CPTS et GHT qui en renforce la régulation, mais qui isole paradoxalement encore plus les soignants et les malades.
Le financement de la santé est contraint dans un ONDAM dont les enveloppes devraient être fongibles, mais qui est guidé par un lobby politico-assurantiel qui réduit l’étendue de la solidarité nationale en particulier pour les plus faibles qui sont victimes d’un reste à charge qui augmente malgré un taux de cotisations qui ne faiblit pas.
La démographie des soignants, n’est pas suffisamment adaptée à l’énorme défi de l’augmentation du besoin de soins de populations de plus en plus âgées et de plus en plus polypathologiques. Ce n’est pas la disparition du numerus clausus, remplacé par une autre forme de régulation qui va augmenter les disponibilités des soignants de proximité dans les décennies à venir. La télémédecine est un gadget accessoire qui ne pourra remplacer le besoin en soignants de proximité.
Sur tous ces thèmes, notre consœur a été insuffisante. Même si elle a communiqué de bonnes intentions, le job reste à faire…
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