Éditorial

Coup de jeune sur la campagne

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Publié le 11/02/2022

Sont-ce des enfants gâtés auxquels tout est permis ? Ou bien doit-on les considérer comme une génération sacrifiée, corvéable à merci ? Pas si simple en réalité de catégoriser une fois pour toutes les jeunes médecins. Bien sûr, si on les compare à leurs aînés et a fortiori à leurs camarades des autres universités, il n’y a pas photo. Toutes les perspectives sont ouvertes aux futurs soignants qui ne connaîtront ni le chômage ni la nécessité. On se bat pour obtenir leur concours. Et les intéressés sont conscients de leur rareté. Pourtant, paradoxalement, le malaise n’a jamais été aussi cruellement ressenti que dans les rangs des carabins. Ces dernières années, rapports, enquêtes et témoignages ont permis de mesurer l’ampleur du désastre, révélant une santé mentale dégradée chez nombre d’étudiants en médecine, victimes des cadences infernales qui leur sont imposées et de survivances féodales que certains modes de fonctionnement hospitaliers trahissent encore.

Reste que les jeunes praticiens sont l’avenir de la profession et l’espoir de la Nation. Et si c’était trop lourd à porter sur leurs épaules encore frêles ? Car ce que veulent ces futurs toubibs, c’est surtout vivre avec leur temps, marqué par le numérique, la fin du modèle artisanal et la priorité à la qualité de vie personnelle et professionnelle. Ils ont encore la vocation, mais ne veulent plus entendre parler de sacerdoce. De cet état d’esprit, les pouvoirs publics ont d’ailleurs fait un atout pour la transformation du système et particulièrement sous ce quinquennat. Puisque télémédecine, maisons de santé pluriprofessionnelles, délégations de tâches aux paramédicaux et même recertification sont accueillies sans réserve par la nouvelle génération, autant mettre le pied sur l’accélérateur…

C’est d'ailleurs peut-être parce qu’ils se montrent moins rétifs et plus proactifs sur toutes ces évolutions qu’en échange les gouvernements successifs ont fichu la paix aux jeunes pousses de la médecine sur la liberté d’installation. En dépit pourtant d’une situation préoccupante dans les déserts médicaux et des coups de boutoir répétés, tentés depuis 10 ans par les députés les plus ruraux… Cette mansuétude pourrait bien ne pas durer. À regarder de près les programmes des postulants à l’Élysée, c’est même un des rares éléments nouveaux qui émergent. À droite comme à gauche, les candidats penchent tous peu ou prou pour une régulation de l’installation, au moins en début d’exercice… Le débat ne fait que commencer. Il devrait prendre de l’ampleur d’ici au premier tour. Et c’est pour cette raison que «Le Quotidien» a choisi d’ouvrir son premier dossier « présidentiel » sur les attentes des jeunes médecins. Un thème qui trouvera un prolongement naturel dans le webinaire auquel nous invitons nos lecteurs le14 février à 18h, en partenariat avec l’agence Nile, bien connue pour son expertise des questions de santé. A lundi !

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin