Face à la défiance d'une partie importante de la population, la campagne de vaccination contre le Covid-19 s'annonce très délicate. Dans une note publiée ce mardi, la fondation Jean-Jaurès propose six pistes pour réussir le pari.
Pour son auteur, le professeur agrégé de sciences sociales Antoine Bristielle, la transparence est la première arme pour lutter contre le refus de se faire vacciner. Cette transparence doit concerner les effets secondaires éventuels, les risques encourus, les données scientifiques (ce que l'on sait, ce qu'on ignore) mais aussi les enjeux sanitaires et économiques. « C'est en écoutant les craintes de la population, en les comprenant et en y apportant des réponses sincères que le gouvernement pourra restaurer la confiance », expose le think tank.
Nostalgie du monde d'avant
L'émotion est un autre ressort. Dans une précédente étude, l'expert de la fondation Jean-Jaurès avait remarqué que la « nostalgie du monde d'avant » était plus élevée chez les vaccino-sceptiques. Il appelle à mobiliser certains souvenirs de « la vie d'avant » comme les réunions familiales ou les événements culturels pour convaincre des bienfaits de la vaccination. Pas question de miser seulement sur la peur.
Les jeunes générations étant les plus réticentes (puisque les moins à risques), la communication ne doit pas les oublier et utiliser « des canaux de diffusion adaptés pour accroître la visibilité du message ». Antoine Bristielle pense aux réseaux sociaux et aux médias en ligne.
La symbolique devra compter dans la campagne de communication. Ainsi, la fondation Jean-Jaurès juge décisif « l'effet d'entraînement des élites politiques » qui pourraient montrer l'exemple en allant se faire vacciner dans les premiers. Leur geste « permettrait d'atténuer la peur », avance Antoine Bristielle. Certes, cela « pourrait passer comme un privilège, mais le fait d'attendre pourrait également passer pour une volonté de voir quels sont les effets secondaires sur la population », prévient le chercheur. La prescription concerne aussi Emannuel Macron en tant que « chef de guerre » au front contre le coronavirus.
Autre conseil : la nécessité de ne pas tergiverser et de communiquer immédiatement auprès de la population. « Plus une campagne autour de la vaccination est lancée tôt, plus elle a de chances de réussir à convaincre la population », indique-t-il.
La clé de la proximité
Enfin, Antoine Bristielle insiste sur la nécessité de s'appuyer sur les professionnels de santé « de proximité » dont les médecins de ville et les pharmaciens pour porter le message auprès du grand public et valoriser le rôle de la vaccination.Et ce conseil semble déjà partagé sur le terrain. Dans un communiqué publié ce mardi, l'Association des maires de France (AMF) et plusieurs syndicats de libéraux de santé affirment se tenir prêt à « mettre en œuvre ensemble les dispositifs nécessaires pour permettre le moment venu à chaque citoyen qui le souhaiterait de se faire vacciner dans le cadre d'une organisation locale de proximité ».
Côté médecins, on retrouve dans cet appel quatre syndicats de praticiens libéraux (MG France, CSMF, SML et FMF). Ils sont accompagnés des pharmaciens de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) et de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ainsi que du corps infirmier représenté par la Fédération nationale des infirmiers (FNI) et le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL). « L'État, insistent-ils, a tout intérêt à faire confiance à ces partenaires déjà opérationnels »
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