À l’appel de la CSMF 31, plusieurs syndicats ont déposé mardi une motion commune contre la loi de santé à la permanence de la députée socialiste Catherine Lemorton, présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, et grande avocate du projet de loi Touraine. Une opération organisée au moment même où commençait le débat à l’Assemblée en séance publique.
« Nous sommes ici dans un mouvement très symbolique pour remettre une motion commune à Madame Lemorton qui est toulousaine, pharmacienne, mais qui a malheureusement une vision très politique de cette loi ! », a résumé le généraliste Michel Combier, coprésident de la CSMF 31, décrivant « une loi qui va totalement modifier la relation patient-soignant ».
En quelques minutes, une centaine de médecins, syndiqués ou non, se sont massés devant les bureaux de la députée. Tous avaient troqué la blouse blanche contre des tee-shirts affichant des slogans tels que « médecins non substituables » ou « oui à la relation de qualité patient médecin ».
« On fait miroiter aux Français une santé gratuite »
Le Dr Marylène Ancey, généraliste à La Salvetat-Saint-Gilles, près de Toulouse, n’a pas caché son exaspération. « Je ne suis pas syndiquée mais je suis en colère, j’ai donc fermé mon cabinet. Ce qui me pose problème ? Le tiers payant généralisé obligatoire qui n’est pas justifié socialement et sera techniquement très compliqué à mettre en place. » Son associée renchérit : « Comment pourrons-nous contester des décisions politiques si nous sommes rémunérés par la Sécurité sociale ? »
Le Dr Hélène Pontvianne (MG France) a elle aussi fermé son cabinet à Blagnac pour la journée. « Moi je suis favorable à un tiers payant sécurisé à condition que la Sécurité sociale récupère les consultations sur les mutuelles. Je pense que le vrai problème est l’accès aux soins chez certains spécialistes pour des actes à 80 ou 100 euros. »
Marie-Josée Renaudie, présidente de la FMF 31, dénonce les « faux arguments » économiques mis en avant pour justifier la dispense d’avance de frais. « On fait miroiter aux Français une santé gratuite, mais ce que cache le tiers payant généralisé, c’est une médecine à deux vitesses avec au final des surprimes de complémentaires à payer pour le patient car la part de la Sécurité sociale finira par baisser. »
Un point fait l’unanimité chez ces praticiens, c’est le doute sur la réelle capacité d’écoute gouvernement. « Ce sera difficile, nous n’avons pas été entendus jusqu’à présent même si nous avons gagné deux mois de concertation après les grèves de Noël », constate le Dr Renaudie.
Une délégation a été reçue quelques instants par un attaché parlementaire de Catherine Lemorton. « Espérons qu’il transmettra », a conclu le Dr Combier avant de sonner la dispersion des troupes.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes