Le système de santé de 30 pays à la loupe

Délégations de tâches : l'Union européenne dit oui sous conditions

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Publié le 03/12/2019
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La Commission européenne encourage les États membres à s'appuyer sur les exemples « prometteurs » de la Hongrie, de la Finlande ou de la Slovénie pour développer les délégations de tâches aux infirmières et aux pharmaciens. Sans oublier de former et d'informer l'ensemble des professionnels de santé.

Les IPA sont plébiscitées dans les pays touchés par la pénurie médicale

Les IPA sont plébiscitées dans les pays touchés par la pénurie médicale
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Renforcement du système de santé, réponse à la pénurie médicale, esprit d'équipe, valorisation du rôle des infirmiers dans la prise en charge du patient…

Sans conteste, le principe des délégations de tâches montre un « grand potentiel » dans les 30 pays (UE, Espace Schengen) passés au crible de la Commission européenne dans un rapport rendu public la semaine dernière. Qu'elles prennent la forme d'un d'élargissement du champ de compétences, d'une substitution pure et simple ou d'une création d'un nouveau métier de santé, les délégations de tâches fleurissent sur le sol européen, et souvent avec des effets bénéfiques. 

Alors que les infirmières en pratique avancée (IPA) naissent en France, la Hongrie forme ses « super-paramédicales » depuis trois ans. Dans ce pays, les IPA sont surspécialisées en anesthésie, gériatrie, urgences, soins primaires, aigus ou périopératoires. Elles posent un premier diagnostic, réclament et analysent des résultats en biologie et imagerie, prescrivent des vaccins, assurent le suivi des patients hypertendus ou diabétiques. Dans les États concernés, cette « amélioration du rôle des infirmières suggère que la qualité des soins qu'elles prodiguent est au moins équivalente à celle des médecins », analyse la Commission européenne. 

Certains pays ont fait le pari de la délégation pour répondre spécifiquement à l'essor des pathologies chroniques associé au vieillissement de la population et au manque de médecins. C'est le cas de la Slovénie. Depuis 2011, les médecins généralistes peuvent employer une infirmière à mi-temps formée à la prévention (pour ces maladies uniquement), au dépistage, au conseil et à la coordination du suivi de ces patients. En 2017, 75 % des médecins traitants salariaient ainsi une paramédicale – subventionnée par le ministère de la Santé. 

Qui fait quoi

Si la Commission est clairement favorable au déploiement de ce nouveau mode délégué de prise en charge, ce n'est pas à n'importe quel prix ! « Une réévaluation fondamentale de qui fait quoi au sein du système de santé doit être portée à l'attention de tous les acteurs de santé pour éviter que le patient passe entre les mailles du filet ». Autre alerte : la formation et une « éducation adéquate » à la délégation de tâches des professionnels sont capitales. La Belgique a ainsi formé les pharmaciens à l'identification des symptômes de démence et à l'accompagnement des patients et des familles concernés. 

Enfin, qui va piano va sano. Une délégation de tâches bien encadrée est synonyme de succès. En Finlande, où la pénurie médicale est historique (on y trouve 4,4 infirmières pour un médecin), les compétences des infirmières parfois dites « de santé publique » sont vastes mais très sécurisées. La prescription initiale est limitée aux traitements contre la pharyngite et aux contraceptifs, le renouvellement à certaines maladies chroniques (hypertension, diabète, asthme). Ces soignantes sont uniquement employées de centres de santé municipaux, elles doivent justifier d'une solide formation et être inscrites sur un registre public de la prescription.

A.B.-I.

Source : Le Quotidien du médecin