LES GRANDES initiatives mondiales en faveur de la lutte contre l’infection à VIH, le paludisme ou pour la vaccination, apparues au début des années 2000, ont considérablement changé les mécanismes de l’aide internationale en faveur de la santé. Mais « des critiques se sont élevées pour affirmer que ces initiatives contribuaient à affaiblir les systèmes de santé déjà fragilisés des pays pauvres tandis que d’autres estimaient que la faiblesse même des systèmes constituait un obstacle à une meilleure efficacité de la lutte contre les grandes pathologies ciblées par l’aide », relève l’OMS. Pour trancher le débat, l’organisation a fait appel à un groupe d’experts universitaires et membres de la société civile qui ont, au travers de 15 études originales, établi la première synthèse jamais réalisée sur le sujet.
Le projet, intitulé « Optimisation des synergies positives entre les systèmes de santé et les initiatives mondiales », a été lancé en 2008 avec la collaboration et le soutien financier du gouvernement italien. Sa publication précède une réunion préparatoire du G8 (8-10 juillet à L’Aquila, en Italie), qui réunira les 22 et 23 juin les ministres de la Santé, les représentants des organisations internationales, des organisations non gouvernementales et des chercheurs. L’enjeu est de taille : à un peu plus de cinq ans de la date fixée pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, la crise économique risque de saper tous les efforts accomplis au cours des dernières années.
Un accroissement des ressources.
Un des mérites de ces programmes internationaux - il en existe aujourd’hui une centaine - est d’avoir permis un accroissement considérable des ressources. L’aide publique au développement en faveur de la santé a presque doublé entre 2001 et 2006, passant de 4 milliards d’euros (5,6 milliards de dollars) à près de 10 (13,8 milliards de dollars) par an. Une part importante de cette aide (32 %) concerne des programmes sur le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme, la vaccination des enfants. Ces financements externes ont eu des effets positifs mais ont dans quelques cas entraîné une baisse des budgets nationaux consacrés à la santé.
Pour étudier l’impact de l’aide multilatérale sur la disponibilité de services de santé, le mode de gouvernance, la formation des personnels de santé, le recueil de données, les modes d’approvisionnement en médicaments et matériels médicaux, les experts se sont essentiellement appuyés sur les données des 4 initiatives les plus importantes : le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le Plan d’urgence du président des États-Unis pour l’aide à la lutte contre le sida (PEPFAR), l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) et le Programme plurinational de lutte contre le VIH/sida (PPS) de la Banque mondiale. L’accès aux antirétroviraux, multiplié par 10 en six ans (3 millions de personnes traitées en 2007), le diagnostic des nouveaux cas de tuberculose, la distribution des moustiquaires imprégnées, la couverture vaccinale, qui a doublé entre 2000 et 2006 pour l’hépatite B (de 32 % à 60 %) et s’est améliorée pour l’ hæmophilus influenzae de type b (de 14 % à 22 %), la fièvre jaune (de 26 % à 48 %), la distribution de traitements contre l’onchocercose (de 14 millions de personnes traitées en 1997 à plus de 40 millions en 2006) sont d’indéniables progrès mais qui ne se sont pas toujours généralisés aux autres pathologies ou services de santé primaires.
Fuite du personnel.
Une plus grande participation des acteurs de la société civile est à mettre au crédit des programmes internationaux mais le rapport souligne le manque de coordination avec les plans et priorités nationaux de santé avec quelquefois la création de structures administratives parallèles. En outre, les pays pauvres doivent faire face à un manque aigu de professionnels de santé, estimé à 4 millions de personnes selon l’OMS. Or l’intervention des organisations multilatérales ne s’est pas accompagnée d’une augmentation des personnels de santé. Au contraire, elle a été associée à un renforcement des déséquilibres entre zones urbaines et zones rurales et à la fuite des professionnels du secteur public vers des projets financés par l’aide internationale.
Le rapport ,auquel a participé l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales), formule cinq recommandations, qui visent essentiellement à renforcer l’harmonisation des différents intervenants internationaux et à une meilleure coordination avec les systèmes nationaux. « Les systèmes de santé ont souffert d’un manque chronique d’attention de la part des programmes mondiaux. Fort heureusement, il semble que cette situation soit entrain de changer. Cependant il reste beaucoup à faire », a expliqué le Dr Richard Horton (Lancet). Telle doit être désormais l’ambition du Fonds mondial, du PEPFAR et des autres.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes