« Nous demandons un moratoire pour stopper les sanctions financières dont sont victimes les patients ne trouvant pas de médecin traitant. » L’appel ne vient pas des usagers mais d’un collectif de médecins installés dans le sud de Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Ces généralistes, réunis au sein de l’association AMG-PDS-17* s’alarment des dérives liées au dispositif du médecin traitant dans le contexte de pénurie médicale qui touche leur région. Le week-end dernier, ils ont lancé une pétition pour interpeller les pouvoirs publics sur la situation des patients qui se retrouvent hors du parcours de soins, faute de médecin traitant, et doivent en payer le prix fort (une consultation de médecine générale est alors remboursée uniquement 5,90 euro après déduction de la franchise de un euro). Près de 150 personnes ont déjà signé le texte sur le site change.org ou sur les affiches dans les salles d’attente.
« Tous les généralistes de la région sont débordés et contraints de refuser de nouveaux patients qui ne trouvent plus de médecin traitant, explique le Dr Michel Chevalier, à l’origine de cette initiative. Ce n’est pas normal qu’ils soient pénalisés financièrement lorsqu’ils consultent hors parcours de soins alors qu’ils ne sont clairement pas responsables de cette situation. »
« On a trop chargé la mule »
Pour le généraliste, l’offre de soins dans la région est « en train de s’effondrer comme un château de cartes ». « Rien que sur l’agglomération paloise, trente médecins généralistes et spécialistes s’apprêtent à partir sans avoir trouvé de successeur, s’inquiète le Dr Chevalier. Récemment, sur 10 confrères partis à la retraite, un seul a trouvé quelqu’un pour le remplacer ! »
Les choses ne sont pas prêtes de s’arranger alors que rien n’est fait pour rendre l’exercice libéral attrayant aux yeux des jeunes générations. « On a trop chargé la mule… Le médecin traitant est submergé de tâches administratives au détriment de la prise en charge des patients. On a détourné notre fonction initiale pour faire faire des économies à la CPAM », s’irrite le généraliste de Ousse. Lui et ses confrères demandent aux caisses de reprendre « les tâches qui leur incombent ». La pétition sera adressée à l’agence régionale de santé et à la caisse primaire d’assurance-maladie puis, au ministère de la Santé « après la présidentielle », détaille le Dr Chevalier.
« Ce n’est pas une initiative corporatiste, mais une démarche citoyenne. Face à une situation qui se dégrade très vite, il faut agir et mettre les politiques devant leurs responsabilités », insiste le généraliste.
(*) Association des médecins généralistes de la permanence des soins du secteur 17, dont le Dr Chevalier est président.
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