Deux vaccins contre Ebola passent en phase 3

Publié le 27/03/2015

Crédit photo : PHANIE

Cette semaine a été riche en résultats pour les quatre vaccins développés pour prévenir les infections par le virus Ebola. Les données intermédiaires de l’essai de phase 2 mené sur les vaccins VSV-EBOV (agence de santé public du Canada) et cAd3-EBOV (GSK) ont ainsi confirmé leur sûreté et leur efficacité, tandis que se poursuit l’essai de phase 1 sur l’Ad26-ZEBOV (Johnson&Johnson).

De plus, les bons résultats de phase 1 d’un quatrième vaccin mis au point en Chine ont également été publiés dans « The Lancet ».

VSV-EBOV et cAd3-EBOV, 27 000 patients au Liberia

L’essai de phase 2 sur VSV-EBOV et cAd3-EBOV a été réalisé dans le cadre du partenariat PREVAIL (partnership for research on Ebola vaccine) dont il constitue la première phase. Les vaccinations ont été réalisées à partir du 2 février 2015, à Monrovia, sur 600 volontaires répartis entre un groupe recevant une injection de VSV-EBOV, un groupe recevant du cAd3-EBOV et un groupe recevant un placebo.

La tolérance et l’immunogénicité se sont révélées suffisamment bonnes pour que le comité indépendant décide de poursuivre le recrutement jusqu’à la fin du mois d’avril, afin de consolider les résultats de la phase 2 et d’augmenter la proportion de femme dans l’étude : elles ne représentent que 16 % des volontaires. Les participants seront suivis pendant un an, avec deux prises de sang à 6 et 12 mois, afin de déterminer la durée de la réponse immunologique au vaccin.

Les chercheurs du NIAID ont par ailleurs annoncé une étude de phase 3 sur 27 000 patients vivant des dans zones à risque d’Ebola. Leur évaluation risque cependant de se heurter au déclin de l’épidémie : un seul nouveau cas a été enregistré au Liberia depuis le 19 février 2015. Ils souhaitent donc étendre leur recrutement aux autres pays touchés : la Guinée et la Sierra Leone.

Parallèlement, un autre essai sur le VSV-EBOV canadien vient de débuter en Guinée, promu par l’Organisation mondiale de la santé et coordonné par Médecins sans frontières et l’institut norvégien de santé publique. Environ 10 000 personnes devraient être vaccinées lors de cet essai. Les premières injections ont eu lieu le lundi 23 mars dans un village de basse Guinée.

Essai de phase 1 sur l’Ad26-EBOV toujours en cours

Le VSV-EBOV a été développé à partir du virus de la stomatite vésiculaire par l’agence de santé public du Canada, et est produit sous licence par New Link et par Merck, tandis que le cAd3-EBOV est produit par GlaxoSmithKline, à partir d’adénovirus inactivé de chimpanzé. Un troisième candidat vaccin, l’Ad26-EBOV produit à partir d’adénovirus de sérotype 26 par Johnson & Johnson, est actuellement évalué dans le cadre d’une phase 1 menée en partenariat par l’INSERM est l’université d’Oxford.

Ce troisième vaccin suit une stratégie prime boost, ce qui signifie que l’immunité induite par une première injection d’Ad26 modifiée doit être amplifiée par une seconde injection d’une version modifiée de la Vaccinia Ankara : MVA-BN. Si cette approche a un potentiel d’efficacité important, elle a le défaut de beaucoup reposer sur l’observance des patients.

Premiers résultats sur 120 patients pour le vaccin chinois

De son côté, l’institut de biotechnologie de Pékin, en association avec la firme chinoise Tianjin CanSino Biotechnology, a également progressé dans le développement de son propre candidat vaccin constitué d’un vecteur basé sur un adénovirus recombinant de type 5 exprimant une glycoprotéine retrouvée dans la souche du virus à l’origine de l’épidémie actuelle.

Dans un article paru mercredi dans le « The Lancet », le Dr Feng-Cai Zhu et ses collègues du centre de contrôle des maladies de la province de Jiangsu (au nord de Shanghai) décrivent un essai de phase 1 mené sur 120 adultes chinois. Un premier tiers d’entre eux a reçu un placebo, tandis qu’un deuxième tiers a reçu une faible dose de vaccin et qu’un troisième tiers a reçu une dose plus forte.

Des événements indésirables ont été relevés chez 68 % des patients de l’étude. Seules les douleurs modérées, présentes chez 20 % des patients du groupe placebo, 35 % des patients recevant une dose faible et 73 % des patients recevant une dose forte étaient significativement plus fréquentes chez les patients vaccinés. Les auteurs ont en outre observé une forte production d’anticorps dirigés contre la glycoprotéine, avec une moyenne géométrique de titration de 421,4 dans le groupe faible dose et de 820,5 dans le groupe forte dose au 14e jours. Au bout de 28 jours, les moyennes géométriques de titration avaient encore augmenté, avec des valeurs de respectivement 682,7 et 1 305,7 dans les groupes à faible et forte dose.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr