LE QUOTIDIEN : Comment l'armée soutient-elle les hôpitaux du Grand Est ?
Dr DIDIER LANTERI : Nous avons reçu le 17 mars la mission de déployer à Mulhouse un élément militaire de réanimation (EMR). Après deux jours de reconnaissance, 170 tonnes de matériel ont été acheminées pour un déploiement opérationnel le 23 mars. Ce n'est pas un hôpital de campagne qu'on a l'habitude d'utiliser en opération, c'est une structure créée de novo. Il s'agit d'un service de réanimation de 30 lits permettant de renforcer de façon très significative les capacités de l'hôpital de Mulhouse.
L'EMR est armé par 121 personnels, dont 91 sont issus du Service de santé des armées (SSA) et 30 sont des auxiliaires sanitaires de l'armée de terre. Le personnel soignant comporte une quinzaine de médecins, dont 10 anesthésistes-réanimateurs, une dizaine d'infirmiers, une vingtaine d'aides-soignants mais également des kinésithérapeutes et des ingénieurs biomédicaux ainsi que des pharmaciens. Une trentaine de militaires assurent le soutien logistique et quelques personnels administratifs nous accompagnent.
Quels types de patients y sont pris en charge ?
Il n'y a pas d'entrée directe dans cet EMR. Nous prenons en charge uniquement des patients évacués du service de réanimation de l'hôpital de Mulhouse. Il n'y a pas de profil type. Mais il faut savoir que transférer un patient d'une structure à une autre, même située à 100 mètres, est toujours assez traumatisant. Certains patients sont trop instables pour être déplacés. Tout cela se fait de concert avec le staff de réanimation de l'établissement. L'hôpital de Mulhouse échange tous les jours avec les médecins militaires.
L'hôpital militaire est-il amené à se renforcer ?
Cet hôpital n'est pas amené à évoluer, nous n'avons pas comme projet d'augmenter sa capacité. Il restera actif le temps de l'épidémie, personne n'est encore capable de dire combien de temps encore. Il faut savoir que les ressources du SSA ne sont pas infinies. Et s'il fallait installer un deuxième EMR, il faudrait retirer de la ressource humaine des hôpitaux d'instruction des armées qui sont déjà pleinement impliqués dans la gestion de la crise. On peut par contre tout à fait imaginer, même si rien n'est prévu dans ce sens, de déplacer l'effort sur une autre région.
Quel est le rôle du service de santé des armées au sein de l'opération Résilience ?
La mission première du SSA est d'apporter son soutien aux forces armées. Par définition, dès qu'elles sont mobilisées, nous le sommes aussi. Le SSA, de par ses déploiements en opérations extérieures, est préparé à faire face à des crises de toutes sortes. La médecine en situation de crise fait partie de notre ADN. L'armée agit sur sollicitation du ministère de la Santé, notamment pour transférer des patients d'une région à une autre. Actuellement, trois moyens ont été mis en œuvre pour cela. D'abord l'évacuation aérienne avec le dispositif Morphée de l'armée de l'air. Ensuite la rotation du porte-hélicoptères Tonnerre en Méditerranée. Enfin, la mise à disposition d'hélicoptères de l'armée de terre. Dans ce dernier cas, la médicalisation et les ressources humaines sont fournies par le SAMU. Enfin, le SSA a pour mission d'armer avec une équipe médicale et une équipe chirurgicale les porte-hélicoptères [le Mistral et le Dixmude, NDLR] qui vont être envoyés dans les Antilles et dans l'Océan indien.
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