LE QUOTIDIEN : Comment rendre « plus belle la médecine libérale », thématique de votre congrès ?
Dr JEAN-PAUL HAMON : Il nous semble primordial avant toute chose de redonner l'envie aux jeunes de s'installer en libéral. Nous avons demandé à nos adhérents maîtres de stage de faire venir leurs internes, afin que nous puissions discuter avec eux et leur présenter nos propositions. Nous réclamons des moyens pour redonner de l'attractivité à la médecine libérale. Ce n'est pas avec les conditions actuelles, avec une demi-secrétaire par médecin, des horaires à rallonge, un poids administratif de plus en plus lourd, que l'on va donner envie aux jeunes de s'installer et mettre un coup d'arrêt à la désertification médicale.
Quels seront les autres sujets abordés lors de ces trois jours d'échanges ?
Nous organiserons des ateliers sur le burn-out, sur les préoccupations des médecins et leurs conditions d'exercice. Nous parlerons également de la communication entre professionnels de santé par messagerie. Apycript, messagerie sécurisée utilisée par plus de 70 000 médecins et qui coûte peu cher, pourrait être utilisée par 40 000 hospitaliers supplémentaires. C'est essentiel si on veut engager le virage ambulatoire. Nous parlerons aussi des expériences qui marchent à droite et à gauche, comme la régulation des urgences hospitalières en Rhône-Alpes, où un régulateur libéral oriente le patient, pour qu'il n'aille pas forcément aux urgences…
Nicolas Revel, le directeur de la CNAM, sera présent à Marseille. Aborderez-vous avec lui la question des relations parfois difficiles entre les praticiens et les caisses ?
Oui car nous voulons faire bouger ces relations. Certains médecins en souffrent. L'histoire de Romillé n'est pas finie et nous ne l'avons pas oubliée. Nous ne lâcherons pas. Les sanctions qui ont été prononcées – trois mois de non prise en charge des cotisations sociales contre quatre généralistes qui cotaient le C à 25 euros avant l'entrée en vigueur du nouveau tarif en mai – ne sont pas acceptables. Cela veut dire que la main de fer est toujours là, et ce n'est pas un signe encourageant. Nous venons d'entrer dans une nouvelle convention, il serait de bon ton de mettre fin à cette défiance. Nous redirons cela à Nicolas Revel, lors de notre échange à Marseille.
Vous venez de rencontrer la nouvelle ministre de la Santé, le Pr Agnès Buzyn. Que lui avez-vous demandé et que vous a-t-elle promis ?
Nous avons demandé un changement de méthodes. Nous voulons que les syndicats de médecins libéraux soient associés aux concertations. Nous avons évoqué le tiers payant obligatoire auquel nous sommes opposés – j'ai bon espoir qu'il ne soit pas imposé par la contrainte – ou encore le dialogue entre la ville et l'hôpital. L'entretien a été globalement positif. La ministre a indiqué que les décisions seraient prises dans l'intérêt des patients, ce qui nous va bien. J'ai l'impression que nous allons enfin sortir de cinq ans de tunnel, car la ministre et ses conseillers – dont le Dr Jacques Olivier Dauberton, ancien président de ReAJGIR (syndicat de jeunes généralistes) et Yann Bubien, ex-directeur du CHU d'Angers – maîtrisent leurs sujets. On sent qu'Agnès Buzyn connaît le métier de médecin et ses difficultés. Nous sommes sur la même longueur d'onde.
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