Invité politique de marque du 68e congrès de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), Édouard Philippe, ancien Premier ministre, a profité de l'occasion pour aborder le sujet sensible de la répartition des rôles entre médecins et paramédicaux, alors que la question des délégations de tâches et de l'accès direct fait polémique depuis des semaines.
La FNI avait affiché la couleur. Vaccination Covid, prise en charge des patients en Ehpad, soins à domicile… « La crise sanitaire a permis de démontrer en vie réelle ce dont les infirmiers ont été capables lorsqu'on leur permettait d'exploiter davantage de compétences, et surtout lorsqu'on leur donnait davantage d'autonomie », a plaidé Daniel Guillerm, président de la FNI.
« Il ne s'agit pas de transformer les IPA en médecins »
Mais jusqu'où aller en matière d'autonomie infirmière ? Devant une salle attentive, le maire du Havre a d'abord rendu un hommage appuyé à son auditoire. « Je crois qu'il y a eu peu de professions où le niveau d'engagement soit resté aussi élevé pendant la crise », a-t-il salué. Oui, « le système de santé a intérêt collectivement à ce qu'il y ait une montée en compétences et en responsabilités des infirmiers », a-t-il assumé.
La mise en place des infirmiers en pratique avancée (IPA), réforme d'Agnès Buzyn, est à ses yeux, l'exemple de cette évolution. « Il ne s'agit pas de transformer les IPA en médecins. Mais je suis convaincu qu'il faut y aller », a-t-il lancé. Édouard Philippe botte toutefois en touche sur le degré d'autonomisation, « incapable de dire où il faut placer la frontière par rapport à l'activité qui relève par nature de celle du médecin ». Mais, ajoute aussitôt le fondateur du parti Horizons, « il faut donner plus d'autonomie, élever le niveau de responsabilité et de capacité à prescrire à ceux qui ont l'expérience et la formation. Une fois qu'on a dit cela aux médecins, ils se crispent mais il me semble que c'est la direction qu'on a prise au moment de Ma santé 2022 ». Il appartient aux différentes professions de santé de « discuter entre elles », avant les arbitrages politiques.
Obligation vaccinale des adultes
Revenant par ailleurs sur la crise sanitaire, Édouard Philippe a reconnu que la gestion de l'épidémie a été « complexe », perturbée par des polémiques « inouïes ». « La rationalité dans le débat scientifique et médical a été foulée aux pieds, a-t-il analysé. L'appel à la prudence, à la raison médicale, au respect des protocoles avant de pouvoir utiliser des données n'a pas été collectivement bien fait ». Assumant totalement la stratégie ayant permis d'éviter « tout juste » la saturation des hôpitaux, l'ex-adhérent LR concède que le critère « limitant » à savoir le nombre de places en réanimation est « toujours là ». « Mais aujourd'hui on a un vaccin », dit-il.
L'ancien Premier ministre se dit à cet égard favorable « à titre personnel » à la vaccination obligatoire de tous les adultes. « Mais je me méfie des idées dont la mise en œuvre n’est pas si simple, nuance-t-il. Est-ce que la vaccination obligatoire serait facilement techniquement faisable ? Et comment le refus serait-il sanctionné ? ». Questions sans réponse… Avant de la mettre en place, « il faudrait en débattre ». Idem pour la vaccination des enfants pour laquelle Édouard Philippe dit comprendre « l'approche bénéfices/risques ».
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