Le monde de la santé doit-il placer ses espérances dans l’élection présidentielle à venir ? À moins de deux mois du premier tour, une grande agitation s'est en tout cas emparée du secteur. Et, si l’on en juge par l’abondance de propositions des uns et les autres, il faut croire que cette échéance est perçue comme une fenêtre pour se faire entendre. Les libéraux demandent des revalorisations et des moyens, avec une insistance, soit sur la hiérarchisation des consultations, soit sur la forfaitisation accrue de la rémunération, selon la philosophie de chacun. L’industrie pharmaceutique pousse pour un accès plus rapide aux innovations. Les fédérations hospitalières réclament plus de visibilité sur leurs investissements et la pluriannualité de leurs enveloppes. Et pour leur part, les associations de patients plaident pour la régulation des installations et la suppression des dépassements. Pas en reste, l'Ordre lance un appel à une nouvelle gouvernance au plus près du terrain, à l'issue d'une vaste concertation du corps médical qui a totalisé 17 000 réponses. Voilà pour l'essentiel. Jusque-là chacun joue sa partition. On ne peut pas dire qu'il y ait d'énormes surprises.
De leur côté, les écuries présidentielles ont investi d'autant plus volontiers dans les programmes santé que la crise a mis le doigt sur des fragilités structurelles. Le comparatif que propose « Le Quotidien » en partenariat avec Nile sur notre site internet est éclairant. Faut-il s'en étonner ? L'accent est mis sur la pénurie de personnel médical et sur les moyens pour y remédier. Et, face à cette équation impossible, la plupart des candidats se font fort d'envoyer les jeunes médecins dans les zones sous-denses, avec une ou deux années de post-internat. Beaucoup promettent aussi des embauches massives de soignants dans le secteur hospitalier. Pour distinguer les plateformes santé, il y a quand même quelques marqueurs idéologiques. Mais pas tant que ça. À gauche, on plaide pour la fin des honoraires libres et le développement du salariat en ville. Et la droite se distingue par la promesse de revalorisations conséquentes d'honoraires dans le secteur libéral. Enfin, à l'extrême droite, on regrette l'afflux de médecins étrangers parmi les blouses blanches, sans trop de convictions toutefois.
Y aura-t-il dans cette campagne, un candidat pour se démarquer des autres sur le terrain de la santé ? L'annonce de la candidature d'Emmanuel Macron pourrait bouleverser la donne. Ces dernières semaines il s'est rendu dans la Creuse, au plus profond d'un désert médical. On lui a prêté aussi de vouloir préempter l'idée de Grande Sécu, qui rebattrait comme jamais les cartes de la protection sociale hexagonale. Et son entrée en lice pourrait relancer le débat sur le Ségur de la santé, à l'hôpital, sur la réorganisation de la médecine de ville et bien sûr sur la gestion de la crise sanitaire depuis deux ans. La campagne ne fait peut-être que commencer…
Exergue : Retrouvez le comparatif des programmes santé des candidats sur notre site internet
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