Une habitante de Licques, un village du Pas-de-Calais de 1 600 habitants, a pris l'initiative d'organiser le tournage d'un clip vidéo à destination des jeunes médecins généralistes afin de les inciter à s'y installer. Dans la même région, la commune d'Oye-Plage a également eu recours au même procédé pour vanter les charmes de son village à ces professionnels si convoités.
Le manque de médecins dans ce secteur est devenu criant. « Au départ, il y avait cinq médecins mais en deux ans, presque tous sont partis à la retraite », raconte Paquita Reisenthel. Il n'en reste aujourd'hui qu'un seul, qui a déjà repoussé son départ à la retraite plusieurs fois et a prévu de fermer son cabinet à la fin de l'année. « Beaucoup de monde autour de moi se plaint ou s'inquiète », souligne l'habitante. Il devient très difficile de consulter : il n'y a pas de généraliste dans les 24 petites communes environnantes et ceux des villes plus éloignées, inaccessibles aux personnes les moins mobiles, sont « saturés », ajoute-t-elle.
Une minute trente pour séduire
Cette enseignante a donc pris les devants et déposé un courrier dans les toutes les boîtes à lettres du village. Elle y rappelle la situation et explique les répercussions du manque de médecin sur la capacité des habitants à se soigner, notamment les plus fragiles, mais aussi sur l'activité des autres professionnels de santé, de la pharmacie, des commerces et sur l'école. Elle expose aussi son projet de clip vidéo - « ne faut-il pas tout essayer ? », insiste-t-elle - et en appelle aux habitants qui souhaitent s'associer au projet ou proposer leurs compétences techniques en vidéo. Six personnes se manifestent dans un premier temps, dont un réalisateur audiovisuel originaire du village et un infographiste. Ensemble, ils ont travaillé sur un scénario et organisé le tournage, les 7 et 8 mai.
« Le premier jour, on a réalisé les prises de vue des paysages et des professionnels de santé, indique Paquita Reisenthel. Nous sommes allés de cabinet en cabinet pour faire dire à chacun un morceau d'une phrase : "Nous ne manquons de rien à Licques sauf de médecins !" » La majeure partie du clip est en effet axée sur la présence dans le village de nombreux professionnels de santé : trois cabinets infirmiers, un cabinet dentaire, un autre de kinésithérapeutes et un de pédicure, deux orthophonistes, et une pharmacie. « Nous avons aussi interviewé le dernier médecin du village », ajoute l'habitante. Le lendemain, les habitants qui souhaitaient s'exprimer sur le manque et le besoin de médecins ont été interviewés et filmés. Et une grande manifestation, qui a réuni environ 150 personnes, a permis des prises de vues collectives.
Objectif : quatre médecins
Le clip, qui durera entre une minute trente et deux minutes et dont le montage devrait être terminé en juin, présentera d'abord les atouts du village : « Un très beau cadre de vie, à la campagne, proche de Boulogne, Calais ou Saint-Omer, à 30 minutes de la gare TGV permettant de se rendre à Paris ou à Londres, à proximité de la Belgique », énumère Paquita Reisenthel.
Il faudrait quatre médecins pour l'ensemble du territoire, estime-t-elle : « deux ce n'est pas assez », comme l'a montré selon elle le départ d'un médecin installé peu de temps, débordé par l'afflux de patients. « On ne veut pas reproduire la même erreur » et proposer aux médecins des conditions d'exercice correctes en termes de charge de travail, ajoute l'enseignante. La mairie soutient le projet indique-t-elle, et aidera les futurs médecins sur le plan immobilier. La Maison de pays que construit la communauté de communes comprendra par exemple deux cabinets médicaux. Et le département envisage de salarier un médecin sur trois communes, dont Licques. Le pharmacien du village a par ailleurs lancé l'idée d'une CPTS.
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