À l’heure où le gouvernement instaure la complémentaire pour tous les salariés, Frédéric Bizard persiste et signe. L’économiste de la santé, enseignant à Sciences Po, intensifie sa charge contre les mutuelles et les assurances privées en publiant « Complémentaires santé, le scandale ! », une nouvelle édition* revue et modifiée de son ouvrage paru sous le même titre en 2013.
Garanties « incompréhensibles », opacité des offres commerciales, frais de gestion élevés (reproduits en annexes...), réserves financières « colossales » : rien n’est épargné au secteur des complémentaires, accusé de répercuter « systématiquement » toute hausse des taxes et des remboursements sur les assurés « jusqu’au point de rupture actuel du renoncement aux soins ».
Les réseaux conventionnés dans le viseur
Dans ce réquisitoire, l’auteur analyse particulièrement la question de la montée en puissance des complémentaires dans la régulation de l’offre de soins, à la faveur des réseaux de soins conventionnés. Frédéric Bizard consacre un chapitre entier aux « raisons de supprimer » ces réseaux, qui positionnent les complémentaires comme acheteurs de soins négociant des conditions tarifaires pour leurs assurés. Il a récemment soutenu l’initiative de Daniel Fasquelle, député LR du Pas-de-Calais, appelant à supprimer ces réseaux.
L’auteur s’appuie sur l’expérience de la médecine américaine « la plus coûteuse et la plus inégalitaire des pays développés » pour étriller les réseaux conventionnés basés sur le modèle du managed care : système onéreux, générateur de « surcoût administratif », résultats sanitaires « médiocres », course au gigantisme des assureurs...
Selon l’auteur, le concept est surtout gagnant pour les assureurs santé eux-mêmes, les réseaux se traduisant par une perte de liberté de choix pour le patient et de liberté thérapeutique pour les soignants.
Le débat sur les réseaux est d’ailleurs loin d’être clos. Si la loi Le Roux limite pour l’instant le champ du conventionnement aux secteurs où la prise en charge de l’Assurance-maladie n’est pas majoritaire (optique, dentaire, audioprothèse), la Mutualité réclame ouvertement l’élargissement aux médecins.
Parallèlement, la plateforme spécialisée dans la gestion du risque Santéclair a annoncé son intention de contractualiser avec des établissements sur la chirurgie orthopédique.
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