Il a beau afficher l'étiquette LREM, le siège de campagne du Dr Éric Alauzet, candidat à Besançon investi par le parti présidentiel, a un parfum écolo dominant. La couleur bleu roi a laissé place à un vert bouteille. Les chaises ont été remplacées par des palettes de bois recyclées. Les gobelets sont réutilisables.
À 61 ans, ce généraliste acupuncteur, engagé dans l'écologie depuis 30 ans – il a notamment été porte-parole des Verts de Franche-Comté – puis devenu député marcheur en 2017, veut s'imposer lors du scrutin avec sa liste « Écologie positive ».
Déchets : redevance incitative au poids
Besançon a pris la vague verte il y a une vingtaine d'années. Et Éric Alauzet n'y est pas pour rien. Conseiller municipal depuis 1990 puis exerçant divers mandats locaux (conseiller général, régional), il a poussé au maximum les sujets santé et environnement dont l’arrêt de l'utilisation du glyphosate et le traitement des ordures ménagères.
Dans cette ville parfois classée comme la plus attractive de France sur le plan économique, le système de tri et de facturation des déchets est une fierté du généraliste. « C'est unique en France : ici on pèse les poubelles, et en fonction du poids, l'habitant paye une redevance. Il trie mieux, il va au compostage ou au point de collecte afin de faire diminuer le poids des déchets », détaille-t-il, enthousiaste. Grâce à la redevance incitative, chaque habitant produit 142 kg de déchets par an, au lieu des 240-260 en moyenne nationale.
Mobilité active
Le vert n'est donc pas seulement la teinte de sa permanence mais colore tout son programme. Mieux respirer, marcher et pédaler : autant d'objectifs pour le médecin candidat qui entend privilégier la mobilité active, développer les pistes cyclables et le covoiturage ou même tester des bus à hydrogène. Lui-même donne l'exemple en se déplaçant à vélo…
L'ex-EELV promet de végétaliser la ville, de tendre vers le zéro pesticides (pour les productions agricoles locales), le zéro carbone (opération journées au travail « sans ma voiture ») et de développer les énergies renouvelables avec le projet « 1 000 toits solaires ». « En plus d'une ville verte, on veut une ville du bien-être », lance-t-il, louant les avantages géographiques et géologiques de la cité en bordure du massif du Jura.
Avantages et inconvénients d'être connu
En cet après-midi de février, par un temps frais et humide, le candidat fait la tournée des commerçants du centre-ville. On y parle économie, transports, sécurité. « Il faut des parkings gratuits » , « le centre-ville se meurt à petit feu » , « les loyers sont trop chers »… Les remarques pleuvent. Face à la croissance de l'insécurité, le généraliste a proposé d'« armer les policiers municipaux » après une formation exigeante.
Des inquiétudes s'expriment aussi sur les délais d'attente chez l'ophtalmo ou aux urgences. Éric Alauzet prend le temps de discuter. Figure politique locale, le député a l'avantage (et le handicap) d'être connu, au risque d'être assimilé à la politique nationale. Pas forcément porteur par les temps qui courent. « C'est quelqu'un d'ouvert et à l'écoute avec qui on peut échanger des idées et pas seulement un candidat qui passe pour nous dire "votez pour moi "! », témoigne Thibault, commerçant de l'imprimerie du Square.
Un côté humain hérité de son exercice médical. Le candidat consulte toujours – 8 à 10 heures par semaine dans un cabinet en solo. « C'est important d'y garder un pied. Mon métier m'apporte beaucoup en politique, en matière d'écoute et de bienveillance. Je continuerai dans tous les cas », confie-t-il.
Union de la gauche mais division des marcheurs
À Besançon, où neuf listes s'affrontent, le résultat reste incertain et aura valeur de test. Dans ce bastion du socialisme depuis plus de 60 ans, le maire sortant, Jean-Louis Fousseret, PS devenu macroniste en 2017, ne se représente pas. Un des enjeux est donc de savoir si cette ville passera du rose au vert…
Car c'est précisément l'une des villes de plus de 100 000 habitants qu'Europe Ecologie- Les Verts (EELV) espère voir tomber dans son escarcelle. Menée par Anne Vignot, la liste d'union de la gauche (EELV, PS, PCF, G·s, À gauche citoyens) est aujourd'hui en pole position, selon les sondages.
En seconde place, Éric Alauzet se retrouve fragilisé par la division locale des marcheurs, avec la liste dissidente d'Alexandra Cordier, l'ex-référente En Marche pour le Doubs qui avait brigué en vain l'investiture LREM… mais qui est soutenue par le maire sortant ! Dans la course également, une liste Les Républicains (LR) et du Rassemblement National (RN). Cette configuration assez complexe n'empêche pas l'acupuncteur de rester serein. « La situation est des plus improbables, reconnaît le Dr Alauzet, mais je reste le candidat le plus connu et je me donne au maximum pour faire connaître mon programme. Rien n'est joué ».
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