Rebelote ! Sénateur centriste de l'Eure et président de la commission de l'aménagement du territoire de la Haute Assemblée, Hervé Maurey persiste et signe dans sa lutte contre la désertification médicale, réclamant au gouvernement des mesures directives. « L'État doit enfin faire preuve de courage ! », exhorte-t-il face à l'aggravation jugée « inacceptable de la fracture territoriale et sanitaire ».
Dans un rapport adopté ce mercredi avec le concours du sénateur centriste Jean-François Longeot (Doubs), coprésident du groupe de travail dédié aux déserts médicaux, Hervé Maurey fait valoir que « 6 à 8 millions de Français » vivent dans un désert médical.
En dépit d'innombrables lois et plans de santé (Bachelot en 2009, Fourcade en 2011, Touraine en 2016 et Buzyn 2019), l'offre de proximité se dégrade. Les écarts de densité entre départements vont « de 1 à 3 » pour les généralistes et de « 1 à 8 » pour les spécialistes. « Les conséquences, tant d’un point de vue sanitaire que budgétaire, sont potentiellement désastreuses à long terme », alerte la commission sénatoriale.
Le rapport avance huit recommandations qualifiées de « pragmatiques » dont la mise en œuvre d'un conventionnement sélectif à l'installation dans les zones surdotées, s'appuyant sur le principe « une arrivée pour un départ ». Cette solution souvent réclamée par les élus est présentée comme une troisième voie entre l'approche incitative reposant sur des aides financières « dispersées et jamais évaluées » et l'approche coercitive, qui vise à obliger les médecins à s’installer dans les déserts médicaux. Cette mesure de conventionnement médical sélectif a jusque-là été écartée par Agnès Buzyn.
Nouveaux transferts et télémédecine déverrouillée
Les rapporteurs appellent aussi le gouvernement à évaluer les dispositifs incitatifs à l'installation afin de « renforcer leur efficacité ». Ils proposent de libérer du temps médical « en prolongeant les partages de compétences » entre professionnels de santé et même en envisageant « de nouvelles extensions législatives de compétences de certaines professions de santé », mouvement déjà entamé avec les paramédicaux et les pharmaciens.
Les rapporteurs préconisent ensuite de garantir un « remboursement sans condition » des téléconsultations pour tous les patients résidant dans un désert médical. Une façon de déverrouiller complètement cette pratique à distance en zone déficitaire. Autre reco : concentrer dans les seules zones sous-dotées le stage en soins primaires en autonomie supervisée (SASPAS) des étudiants de dernière année de médecine générale.
Enfin, les sénateurs souhaitent que les partenaires conventionnels (CNAM/syndicats médicaux) engagent « au plus vite » une négociation pour résorber les inégalités territoriales d'accès aux soins. Une injonction politique à trouver des solutions, en quelque sorte.
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