Réunie à Antibes pour sa 26e Université d’été, la CSMF a cherché à se mettre en ordre de bataille avant des échéances majeures : round de négociations conventionnelles et tarifaires cet automne et campagne pour les élections professionnelles (prévues en mars 2021).
Visages masqués, soumis à des règles strictes de sécurité, les cadres ont ambitionné pendant trois jours de rénover la maison confédérale (et plus largement le syndicalisme) afin d'accompagner la profession dans la mutation de l’exercice, encore accélérée par le Covid (réorganisation territoriale, priorité à la coordination, décloisonnement entre les secteurs, prise en compte des usages numériques, etc.).
Bâtir et se défendre
Installé depuis 1994, le Dr Patrick Czerwinski, président de la CSMF du Havre, attend que « les présidents nationaux [le] guident dans cette rénovation ». « Il faut plus de femmes, plus de jeunes et surtout l’unité syndicale », résume le généraliste, qui n’a pas oublié les secousses provoquées par le départ de plusieurs leaders spécialistes.
Le Dr Sylvaine Le Liboux, généraliste à Valençay (Indre) et secrétaire générale des Généralistes-CSMF, rappelle les priorités. « On est un syndicat qui veut améliorer le système de soins français et cela passe par la médecine libérale ! Cela fait vingt ans qu’on a un système hospitalocentré ! Avec la Covid, j’espère qu’on a enfin compris que les libéraux ont toute leur place dans le service public pour s’occuper des urgences, des patients chroniques ».
En quête de nouveaux financeurs ?
Face à ses cadres départementaux, mais aussi en présence d'experts et invités du secteur de la santé, le Dr Jean-Paul Ortiz, patron de la CSMF depuis 2014, a expliqué que la coordination, l’innovation et l'esprit d'entreprise doivent guider la réorganisation du cabinet de demain, alors que disparaît l’exercice libéral en solo.
Dans dix ans, le cabinet médical devra même « devenir une véritable entreprise qui se transmet et qui développe des relations avec de multiples acteurs », a-t-il détaillé. C'est dans cet esprit de conquête que le néphrologue a invité la profession à développer des relations directes avec d’autres financeurs que la Sécu. Il a cité les « collectivités locales » (maires, communautés de communes, départements, régions), les assurances complémentaires dans des champs « abandonnés » par l’assurance-maladie ou encore le monde industriel dans le secteur du numérique ou de l’environnement. « Il convient d’aller chercher d’autres sources de financement et de rémunération, abonde le Dr Franck Devulder, président des Spécialistes-CSMF. Aujourd’hui, la rémunération des spécialistes français est très en deçà de celle de leurs confrères de l’Europe de l’Ouest ».
Au cœur de cette réorganisation territoriale, la coordination deviendra incontournable entre généralistes et spécialistes d’un côté mais aussi entre praticiens et autres professionnels de santé. La CSMF s’opposera ici à tout schéma d’organisation unique. « Il y a 40 000 modèles possibles. Il faut arrêter de faire des normes, des cadres, des cahiers des charges », exhorte le Dr Ortiz, qui défend aussi les équipes de soins primaires, spécialisés ou autres groupes médicaux... « L'imagination doit prendre le pouvoir contre la bureaucratie toujours normative », résume le patron de la Conf'.
Tarifs lisibles
Autre révolution réclamée par la CSMF : la simplification radicale de l'exercice et en particulier de la tarification de l’acte médical. « C'est devenu tellement complexe que beaucoup de médecins ne savent plus utiliser la nomenclature », lance son président.
La centrale polycatégorielle juge désormais nécessaire de « coter la consultation exclusivement en quatre niveaux, avec des valeurs simples et évolutives, qui doivent recouper l’ensemble des situations cliniques », recadre le Dr Ortiz. Le Conseil national professionnel (CNP) de chaque spécialité sera sollicité en ce sens. « Bref, une seule grille tarifaire de consultation avec quatre tarifs pour tout », résume le néphrologue. Schéma proposé pour cette refonte clinique : la consultation de référence, la consultation pour avis ponctuel, la consultation spécialisée, plus longue et complexe, et la consultation annuelle de synthèse pour les patients chroniques. Un premier message au nouveau DG de la CNAM chargé de conduire les négociations...
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