Des conséquences au moins aussi importantes que la crise de 2008 : c'est ainsi que la Banque mondiale qualifie les risques que les infections résistantes aux traitements antimicrobiens (antibiotiques ou autres) font courir à l'économie mondiale.
Dans un rapport, publié lundi 19 septembre 2016, l'organisme international estime que, si le pire scénario de résistance microbienne aux traitements médicamenteux venait à se produire, cela pourrait entraîner une chute de plus de 5 % du PIB des pays à faibles revenus et précipiter jusqu'à 28 millions de personnes, principalement dans les pays en développement, dans la pauvreté à l'horizon 2050.
Une facture de 268 à 895 milliards d'euros
Selon l'institution, cette résistance pourrait également entraîner, d'ici le milieu du siècle, une augmentation des coûts de santé allant de 300 milliards de dollars par an (268 milliards d'euros) - pour le scénario de résistance microbienne à plus faible impact - à plus de 1 000 milliards de dollars par an (895 milliards d'euros), pour le pire scénario.
Par ailleurs, les antibiotiques étant largement utilisés dans l'élevage, la Banque mondiale craint que cette résistance fasse diminuer les volumes de production de viande de 2,6 % - pour la projection la plus « optimiste » - à 7,5 %, pour la plus pessimiste.
Le rapport souligne que les moyens mis en œuvre pour réguler l'usage des antimicrobiens sont insuffisants dans de nombreux pays et que, alors que le mésusage ou l'utilisation abusive de ces produits est un problème pour certains, l'accès à ces traitements est une difficulté pour la majorité des autres.
Selon Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, « l'ampleur et la nature de cette menace économique pourrait effacer les gains de développement économique durement obtenus et nous éloigner des objectifs visant à mettre fin à l'extrême pauvreté et à accroître la prospérité. »
Renforcer les investissements
La Banque mondiale recommande donc aux pays de renforcer les investissements dans leur système de santé et dans la lutte contre les maladies infectieuses et d'améliorer leurs systèmes de santé humaine et vétérinaire, en y intégrant la surveillance de la résistance antimicrobienne. Enfin, l'instance soutient la mise en œuvre et le financement du « Plan d'action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens » de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La 71e assemblée générale de l'Organisation des nations unies (ONU), qui se tient en ce moment à New York, doit aborder, ce mercredi 21 septembre, ce problème crucial de la résistance aux antimicrobiens.
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