Signe de Köplick
L’examen du patient note une fièvre à 39°C avec une fréquence cardiaque en rapport. Il existe un catarrhe oculo-respiratoire, une éruption morbiliforme ayant débuté derrière les oreilles et concernant actuellement le visage, le cou, le tronc et les membres supérieurs tout en respectant les paumes (fig. 1). Il existe également une éruption buccale constituant le signe de Köplick (fig. 2).
L’auscultation note des râles bilatéraux mobilisables à la toux. L’examen neurologique est sans anomalie. Il s’agit donc d’un diagnostic clinique de rougeole typique.
Le complément d’interrogatoire et la lecture du carnet de santé permettent de constater l’absence de vaccination RRO antérieure.
Déclaration obligatoire
Une déclaration est faite auprès de la DDASS qui fournit un kit salivaire de diagnostic de rougeole permettant la confirmation biologique du diagnostic et le génotypage du virus.
Le patient est placé en isolement respiratoire et cutané dans une chambre de l’infirmerie pour la durée de la contagiosité (5 jours avant et après le début de l’éruption). Il bénéficie d’un traitement symptomatique de la fièvre et d’une surveillance neurologique et respiratoire.
Une enquête épidémiologique est nécessaire pour définir les cas contacts de l’entourage personnels et professionnels et proposer une vaccination post-exposition.
Actualité épidémiologique
En population générale, les données de Déclaration obligatoire montrent que l’épidémie progresse : 40 cas en 2006,44 cas en 2007, 604 cas en 2008, 1 544 cas en 2009, plus de 5 000 cas 2 010 (sous réserve des déclarations…). Le taux d’incidence pour l’année 2010 a dépassé 15 cas pour 100 000 chez les 20-29 ans. En 2010, 50 % des cas ont plus de 14 ans, 30 % sont hospitalisés. Entre janvier 2008 et décembre 2010, 4 décès ont été déclarés. Pour les six premiers mois de l’année 2011, plus de 14 000 cas déclarés, dont 15 ont présenté une complication neurologique, 615 une pneumopathie grave et 6 sont décédés.
Clinique
La rougeole, provoquée par un Paramyxoviridae de genre morbillivirus, est l’une des maladies infectieuses les plus contagieuses. C’est une maladie à déclaration obligatoire depuis 2005. La rougeole est une grande résurgente. Une épidémie sévit en France depuis 2003. L’introduction de la vaccination ROR en 1983 chez le nourrisson a déplacé l’âge de la population cible : profil immunologique de réceptivité des jeunes adultes actuels (population peu ou pas vaccinée dans l’enfance et n’ayant pas non plus rencontré la souche sauvage). La transmission est aérienne et cutanée ; l’incubation est de 10 à 14 jours. La phase d’invasion dure de 2 à 4 jours sous la forme d’une fièvre à 38°5 C, un catarrhe oculo-respiratoire, un malaise général, une asthénie. Le signe de Köplick, pathognomonique mais inconstant, apparaît à la 36e heure et disparaît après le début de l’éruption. Celle-ci apparaît de 7 à 18 jours après le contage : elle est de nature maculopapuleuse, débutant au niveau de la tête et s’étendant de haut en bas vers les extrémités, maximale en 3 jours, et durant 5 à 6 jours. Les complications les plus fréquentes sont une pneumonie chez l’enfant, une encéphalite aiguë chez l’adulte.
Actualité diagnostique
Le diagnostic est clinique mais la confirmation biologique du cas index doit être systématique : le test salivaire (IgM et PCR) est recommandé (résultat en 3 jours) ; il est disponible dans les SAU ou sur demande téléphonique auprès de l’ARS ; il permet de plus le génotypage (envoi aux Centres Nationaux Référents). La sérologie peut être réalisée si le rendu du résultat est possible dans les trois jours (selon laboratoire).
Rappels pratiques
L’éviction doit être systématique (contagiosité entre J-5 et J +5 de l’éruption). La déclaration est obligatoire auprès de l’ARS. La recherche des cas contacts permet la mise en œuvre de mesures de prévention post-exposition ; elle est laborieuse et complexe et se réfère à la définition suivante : personnes ayant côtoyé le malade depuis la veille de l’apparition de la fièvre et jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption.
Il faut veiller à l’information particulière des femmes enceintes.
Critères de signalement
Les critères cliniques sont l’association d’une fièvre supérieure à 38,5 °C, d’une éruption maculopapuleuse à un au moins un des signes suivants : conjonctivite, coryza, toux, signe de Koplick.
Les critères biologiques comportent la détection sérologique ou salivaire d’IgM spécifiques de la rougeole (en l’absence de vaccination dans les deux mois précédant le prélèvement), ou la séroconversion ou l ’élévation (en l’absence de vaccination dans les deux mois précédant le prélèvement) de quatre fois au moins du titre des IgG sériques entre la phase aiguë et la phase de convalescence, ou
La détection du virus par PCR sur prélèvement sanguin, rhino-pharyngé, salivaire ou urinaire, ou
La culture positive sur prélèvement(s) sanguin, rhino-pharyngé, salivaire ou urinaire.
Actualité vaccinale
Vaccination post-exposition : en fonction du statut vaccinal des contacts, la vaccination post-exposition doit avoir lieu au mieux au mieux dans les 72 heures suivant le contact mais reste préconisée au-delà. En situation de cas groupés, les sujets contacts sans antécédent de rougeole doivent être vaccinés de façon à réaliser deux doses chez chacun, quel que soit l’âge.
Calendrier vaccinal
La vaccination est déterminée par les récentes recommandations HCSP de février 2011 : la diffusion du virus rougeoleux est la conséquence d’une couverture vaccinale insuffisante. Une amélioration de cette couverture a été observée ces dernières années avec 90 % pour la première dose à 24 mois, mais cela reste insuffisant pour interrompre la circulation virale puisqu’il faudrait atteindre 95 % à 24 mois pour la première dose et 80 % pour la deuxième dose.
La deuxième dose introduite dans le calendrier vaccinal en 1996 ne constitue pas un « rappel » mais un « rattrapage » des 5 à 10 % des enfants vaccinés qui ne répondent pas à la première dose.
Le calendrier vaccinal français de mars 2011 prévoit que tous les sujets nés après 1 980 bénéficient de deux injections vaccinales RRO, quels que soient les antécédents vis-à-vis de ces trois maladies ; que les sujets nés avant 1980 exerçant les professions de santé ou de la petite enfance, sans antécédent de rougeole ou non vaccinés, reçoivent une dose RRO.
Références :
1. Epidémie de rougeole en France. Actualisation des données au 2 août 2011. http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Mal…
2. Rougeole. In : Pilly E. Maladies infectieuses et tropicales. 2010 : 392-393.
3. Circulaire DGS/RI1/2009/334 du 4 novembre 2009 relative à la transmission obligatoire de données individuelles à l’autorité sanitaire en cas de rougeole et la mise en œuvre de mesures préventives autour d’un cas ou de cas groupés.
4. Plan d’élimination de la rougeole et de la rubéole congénitale en France 2005-2010. DGS, bureau des risques infectieux et de la politique vaccinale RI 1.Livres des plans de santé publique, 54-5.
5. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2011 selon l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique. Bull Epidémiol Heb. 2011;10-11 : 101-56.
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