En France, l’infection invasive à méningocoque touche 600 personnes par an parmi lesquelles on enregistre un taux de mortalité de 10 %.
Près de 70 % des cas se déclarent avant l’âge de 20 ans, essentiellement chez les nourrissons. S’il existe de nombreux sérotypes, seuls six d’entre eux représentent 99 % des infections selon une distribution qui n’est pas identique à l’échelle mondiale. En Europe du Nord et plus spécifiquement en France, les sérotypes B et C sont les plus actifs dans des proportions respectives de deux tiers et un quart de l’ensemble des cas recensés.
L’association Méningites France – Association Audrey et le collectif « Ensemble contre la méningite » ont tenu à mettre sur le devant de la scène les conséquences souvent graves de cette infection en présentant les résultats d’une étude réalisée avec le concours bénévole de 18 médecins français. Première étude en France visant à mesurer l’impact économique des séquelles graves de la méningite à méningocoque, « La méningite à quel coût ? » a été menée sur le modèle anglo-saxon de la Meningitis Research Foundation autour de 2 cas d’enfants atteints de cette infection.
400 000 euros de reste à charge pour les familles
Le Pr Catherine Weil Olivier, (Université Paris VII), rappelle qu’« il a fallu attendre les années 1990 pour que les premières analyses des séquelles de cette infection voient le jour ». Si l’accent « est mis à l’époque sur les séquelles lourdes comme la surdité, les problèmes de vision, les problèmes neurologiques et les convulsions, il faut attendre encore un peu pour s’apercevoir de l’apparition de troubles cognitifs ». D’une estimation initiale qui fait état de 6 % de malades atteints de séquelles à la sortie de l’hôpital, on grimpe finalement à 50 % en intégrant les troubles neurologiques postérieurs et les difficultés cognitives.
S’attelant à la dimension socio-économique de cette maladie, l’étude « La méningite à quel coût ? » montre clairement l’ampleur jusque-là méconnue des coûts relatifs aux séquelles graves. L’amputation des membres inférieurs et une insuffisance rénale chronique peuvent ainsi coûter jusqu’à 3,4 millions d’euros tout au long de la vie. Des séquelles neurologiques nécessitant une institutionnalisation de la personne peuvent générer 4,6 millions d’euros de frais. Selon les cas, entre 100 000 et 400 000 euros resteront à la charge des familles ou de leur assurance privée. Des coûts réels, hors coûts indirects liés à la perte d’autonomie, qui vont donc bien au-delà de ce qui est identifié dans les statistiques.
Une couverture vaccinale insuffisante
Pour le Pr Weill Olivier, « la prise en charge précoce ne suffit pas » et « il faut désormais établir une prévention majeure qui passe par la vaccination ». Depuis 2010, le vaccin est recommandé pour tous les nourrissons de 12 mois et tous les enfants, adolescents et jeunes adultes jusqu’à 24 ans pas encore vaccinés. Ce rattrapage est essentiel pour assurer la protection rapide des enfants, mais aussi pour assurer indirectement la protection des personnes non vaccinées.
Pour autant, la couverture vaccinale en France n’atteint que 55 % pour les 1-4 ans et 4 % pour les 20-24 ans : un taux qui rend impossible l’instauration d’une immunité de groupe. Faisant référence à la réussite spectaculaire de la stratégie vaccinale instaurée en Angleterre et aux Pays-Bas, C. Weill Olivier déplore la situation française et rappelle que la nécessité d’une campagne nationale de sensibilisation à la vaccination est « un message majeur » à faire passer.
Vaccination, soutien aux soignants, IVG : le pape François et la santé, un engagement parfois polémique
« Je fais mon travail de médecin » : en grève de la faim, le Dr Pascal André veut alerter sur la situation à Gaza
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale