Le Néerlandais Mark Van Nierop, surnommé le « dentiste de l'horreur » pour avoir mutilé plusieurs dizaines de patients dans la Nièvre, a été condamné ce mardi à huit ans de prison par le tribunal correctionnel de Nevers.
Le tribunal, devant lequel il avait été jugé en mars, a ordonné le maintien en détention du prévenu et assorti sa peine d'une interdiction d'exercer définitive et de plusieurs amendes d'un montant total de 10 500 euros.
Le jugement, qui fait 130 pages, reconnaît que 85 patients ont subi des violences, dont 45 des mutilations. 61 personnes ont été considérées comme victimes d'escroquerie, sans compter les organismes sociaux.
« Absence de compassion »
« Cela fait quatre ans que nous sommes partis en guerre, et c'est une sacrée victoire car nous n'étions pas sûrs qu'il écope de huit ans, même si cela ne paraîtra jamais suffisant pour les personnes handicapées à vie », a déclaré à l'AFP Nicole Martin, présidente du « Collectif dentaire » qui regroupe des victimes.
Pour l'avocat du collectif, Me Charles Joseph-Oudin, c'est aussi « une très grande satisfaction sur la peine. Les gens attendaient avec impatience la réponse pénale. Ils considèrent qu'elle est adaptée à la gravité des faits, à l'absence de compassion (de M. Van Nierop) et son mépris ».
Lors du procès, du 8 au 14 mars, la procureure de la République à Nevers, Lucile Jaillon-Bru, avait dénoncé le « désastre sanitaire » causé par cet homme de 51 ans et requis huit ans de prison en faisant écho à une expertise psychologique selon laquelle la personnalité du dentiste néerlandais alliait « absence totale de compassion » et « cupidité ».
Fuite au Canada
Recruté par un chasseur de tête, le dentiste, à l'allure de rugbyman, arrive en 2008 à Château-Chinon (Centre). Une aubaine pour ce désert médical.
Mais dès 2011, des patients commencent à dénoncer des soins douloureux et mal réalisés, ainsi que des surfacturations et diverses malversations. Sous l'impulsion d'un de ces patients, un collectif est créé. Il recense jusqu'à 120 victimes.
Inquiété par la justice française en 2013, le dentiste part au Canada. Il y est interpellé en septembre 2014 alors qu'il tente de mettre fin à ses jours, avant d'être remis à la justice néerlandaise puis française.
« Violences avec préméditation »
Sur une centaine de victimes, la procureure avait retenu des mutilations pour 53 d'entre elles, demandant une requalification des faits pour 20 autres, notamment en « violences avec préméditation », et trois relaxes. Au final, le prévenu a été relaxé des faits de violences sur six victimes et de certains faits d'escroquerie, le tribunal ayant aussi requalifié les faits pour deux patients.
Le tribunal a statué sur une partie seulement des préjudices et renvoyé pour le reste à une audience, prévue le 16 juin, « pour statuer sur les préjudices patrimoniaux ».
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