Le Guen : « les professionnels de santé ont été méprisés par Sarkozy »

Publié le 25/04/2012
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LE QUOTIDIEN - La santé n’a pas été au cœur du débat du premier tour. Sera-t-elle plus visible entre les deux tours ?

JEAN-MARIE LE GUEN - Pendant tous les déplacements que j’ai effectués sur le terrain, j’ai vu chaque jour plus de Français m’interpeller sur les questions de santé. Il y a un décalage entre les débats publics nationaux et ce qui remonte du terrain, c’est-à-dire une très grande inquiétude sur l’avenir du système de santé, de l’accès aux soins, et de l’hôpital public. Je crois que ces questions majeures vont apparaître de façon plus nette dans la campagne du second tour dans la mesure où elles constituent un véritable enjeu.

Pensez-vous que François Hollande va se réapproprier ces thèmes ?

Sur la santé, il y a des positions substantiellement différentes entre les deux candidats. François Hollande prévoit une dépense de santé qui progresse de façon plus soutenue. Il souhaite investir plus fortement dans la refondation du système de santé et en particulier sur les soins de proximité, dans le respect de l’ONDAM et par la restructuration d’enveloppes existantes. François Hollande est le seul candidat qui propose de faire évoluer notre système vers plus d’accessibilité, tout en le modernisant.

Quels sont les thèmes majeurs qui vont structurer la campagne du 2e tour ?

Le projet de François Hollande est celui du redressement national dans la justice, et d’une République à la fois respectée et respectueuse des citoyens, il n’en déviera pas. Le sursaut républicain et le redressement national dans la justice sont ses éléments fondateurs. Après viennent se greffer la priorité à l’éducation, l’importance de la santé, les questions de politique industrielle et une Europe moins soumise au joug de l’austérité.

Quels enseignements tirez-vous du score du Front National ?

Le premier tour a montré une très grande colère et un très grand malaise de nos concitoyens. Parce que des promesses non tenues leur ont été faites en 2007, les Français ont le sentiment que les politiques ne tiennent pas un discours de vérité. Tout ceci crée un énorme malaise, en plus de celui lié au chômage et à la perte du pouvoir d’achat. Il y a donc un devoir de sortir par le haut de cette élection, et sans utiliser l’affrontement, la stigmatisation, l’amertume ou l’exaltation des peurs.

Vous avez envoyé une lettre de mobilisation aux professionnels de santé. D’autres initiatives dans ce domaine sont-elles prévues ?

Nous voulons porter la question de la santé dans le débat, et c’était l’objet de cette initiative. Les professionnels de santé ont été profondément méprisés durant le mandat de M. Sarkozy. Là aussi, le redressement national passe par leur mobilisation, par un président qui leur accorde véritablement sa confiance, et qui sache que c’est avec eux que doit être refondé notre système de santé. Nous allons continuer à développer des initiatives. J’irai porter la contradiction à Xavier Bertrand dans son fief électoral de Saint-Quentin le lundi 30 avril. Puisque le ministre de la santé n’a pas voulu participer à un débat sur ce thème, j’irai débattre avec les habitants de sa ville, et je l’invite à débattre avec moi du bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy en matière de santé.

 PROPOS RECUEILLIS PAR HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9119