Est-ce la fin de la saga de la restructuration de l’Hôtel-Dieu ? Après des années de valse-hésitation, le plus vieil hôpital de la capitale, fleuron de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), devrait faire peau neuve sur les bases d’un projet (plus) consensuel.
Cette fois-ci, pas d’annexion brutale de l’Hôtel-Dieu par la direction de l’AP-HP (pour les bureaux du siège), ni de fermeture définitive des urgences, ni d’« hôpital debout » (sans aucun lit). L’heure est au compromis.
De fait, la poire est coupée en deux : la moitié des 55 000 m2 du bâtiment sera consacrée aux soins, l’autre à la création de logements sociaux ou étudiants, si tant est que la mairie de Paris donne son aval.
Afin de ne froisser personne, le nouveau projet moissonne une grande partie des idées des deux groupes de travail pilotés par le Pr Loïc Capron, patron de la CME de l’AP-HP, et par le Pr Pierre Carli, chef du SAMU de Paris. Dans ce schéma, on n’opérera plus les urgences lourdes à l’Hôtel-Dieu. Les cas les plus graves seront orientés vers l’hôpital Cochin, situé à 2 km au sud. En flux inverse, les lits de psychiatrie de Cochin et de Tarnier, autre site de la rive gauche parisienne, seront rapatriés au cœur de Paris, au sein d’un pôle de psychiatrie bien identifié. Un pôle santé publique et économie de la santé complétera le tout sur l’île de la Cité.
Des questions en suspens
Rien n’est gravé dans le marbre. Preuve que le sujet reste clivant, la CME a décidé mi-avril à une voix près (32 contre, 31 pour) de ne pas soutenir ce projet médical auquel elle a pourtant œuvré. Favorable à cette transformation du site, le Pr Capron « assume [s]on échec » mais reste optimiste au regard de ce scrutin serré. Selon lui, quelques précisions suffiraient pour lever les doutes des médecins. Comment sera ventilé le coût de la restructuration (investissement, fonctionnement) évalué entre 75 et 100 millions d’euros ? Quel sera le champ d’action de la mairie de Paris qui tarde, aux yeux du Pr Capron, à s’emparer du projet ? Quid enfin du flou structurel sur les nouvelles urgences (mutualisées), nœud gordien de l’Hôtel-Dieu. Service d’accueil (SAU) ou pôle de consultation 24 heures sur 24 ? « Il y a toujours un malentendu sur ce point », regrette le Pr Capron, partisan de la seconde option.
Une ère de promenade aux Parisiens
À la mairie de Paris, le Dr Bernard Jomier, adjoint d’Anne Hidalgo chargé de la santé, veut croire que ce dernier projet « sera celui du nouvel Hôtel-Dieu, sous réserve de quelques ajustements ». L’aile du bâtiment sans soignants « répondra au besoin des habitants et des étudiants ». Une promenade entre les deux parties de l’édifice pourrait même être ouverte aux Parisiens. Le médecin généraliste table sur « quelques mois » pour finaliser les contours du projet, à charge pour le Conseil de Paris de donner son accord.
Mais sur le terrain, le son de cloche est différent. La grogne d’une partie de la communauté médicale n’a pas disparu. « En sacrifiant la moitié du bâtiment, ce projet signe la mort de l’hôpital de proximité qu’est par essence l’Hôtel-Dieu », s’alarme le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et ancien chef de service.
À l’issue du vote partagé de la CME, Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, a assuré qu’il continuerait à « affiner les choses avec les différents acteurs pour trouver un équilibre ». Jusqu’où ? Contactée par le « Quotidien », l’AP-HP n’a pas apporté de précision.
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