Je ne rejoins aucune des analyses selon lesquelles Emmanuel Macron n'a pas été plus séduisant que ses concurrents. Pour tout homme libre, qui n'est enchaîné à aucune idéologie, chacun des candidats avait son petit capital de mesures convaincantes, Marine Le Pen comprise. M. Macron a fait plus qu'exposer ses idées. Il a animé le débat en ouvrant le feu dès qu'il a été attaqué par Mme Le Pen. Il a le sens de la répartie, des formules et de l'humour. Il regarde ses adversaires droit dans les yeux. Il ne se fâche jamais. Il approuve quelques-uns des principes énoncés par ses rivaux (cela lui a été reproché par nombre de commentateurs, ceux-là même qui se disent accablés par l'atmosphère de guerre civile qui règne en France). Quitte à être le seul à le croire, j'estime que M. Macron a assuré le spectacle, même si Jean-Luc Mélenchon, comme à son habitude, a prononcé quelques bonnes trouvailles de son cru, et si Mme Le Pen, par ses outrances, a entretenu la flamme du débat.
La campagne, cependant, ne se résume pas à quelques grands rendez-vous médiatiques, même si le premier d'entre eux a réuni quelque dix millions de téléspectateurs, probablement un record. Nous sommes aujourd'hui à trente-et-un jours du premier tour. C'est court. Dans ce laps de temps, il est difficile de croire que M. Mélenchon et Benoît Hamon vont se rabibocher pour composer un « ticket » qui n'est même pas prévu par la constitution. Il est difficile de croire que la cote de Mme Le Pen, baissera dans les sondages. Enfin, il est difficile de croire que François Fillon, dont l'étiage est inférieur à 18 % va gagner en si peu de temps les quelque sept à huit points qui lui permettraient de franchir le cap du premier tour.
Le Front national est une forteresse à 26 ou 27 % visiblement imprenable. La voie de M. Fillon passe donc par la conquête d'une partie de l'électorat grandissant de M. Macron. Mais, depuis quelques semaines, c'est l'inverse qui se produit. L'ancien Premier ministre est convaincu qu'il peut rééditer à la présidentielle l'exploit qu'il a accompli aux deux tours de la primaire de la droite et du centre, en s'imposant à deux reprises comme le plus fort. On attend de voir, mais on a aussi le droit d'exprimer un peu de scepticisme. Ses soucis judiciaires lui collent à la peau, l'ont contraint, pendant le débat à ne pas répondre aux remarques désagréables qui lui étaient faites et à changer se sujet. Tiendra-t-il cette position périlleuse dans les deux débats à venir ?
L'exemple de Barbara Pompili
M. Macron, en revanche, suit une courbe ascendante si prononcée que, dans certaines enquêtes d'opinion, il passe devant Mme Le Pen. Un exploit. Les ralliements à En Marche ! se multiplient et tandis que M. Hamon continue de rêver (comme l'a si bien dit M. Fillon) à un paradis français, les cadres, les bobos, bientôt les ministres qui suivront l'exemple de Barbara Pompili, et nombre d'électeurs séduits par le rejet des clivages, le goût de la synthèse idéologique, la volonté de redressement économique et social, les rangs macroniens grossissent. L'ancien ministre de François Hollande l'a prouvé : il est capable de tenir la dragée haute à Marine Le Pen, bien mieux que M. Mélenchon qui, loin d'opposer à la présidente du Front une vision rationnelle de sa politique, offre aux électeurs une complète déconstruction de la République, comme si nous n'avions qu'une hâte, celle de répondre aux maux qui nous frappent par une confusion accrue.
On peut dire ce qu'on veut de M. Macron, qu'il est trop jeune, qu'il n'a pas la stature présidentielle (celle qui manquerait aussi à M. Hamon), qu'il y a beaucpoup d'ombres dans son programme, qu'on ne sait pas très bien où il nous emmène. Voilà quand même un jeune homme qui apprend vite, qui s'est durablement installé au firmament des célébrités, qui ne s'en laisse pas conter tout en gardant sa fraîcheur juvénile et qui a tout de même une immense capacité : celle de nous débarrasser du Front.
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