Alors que seulement 2,3 millions de personnes ont reçu au moins une première injection de vaccin en France, et que la campagne doit s'accélérer à partir du 25 février avec l'ouverture aux cabinets de médecins de ville (avec le vaccin AstraZeneca), les syndicats de praticiens libéraux continuent d'exprimer leurs réserves, voire leur hostilité, à l'idée que les pharmaciens puissent réaliser des primo injections.
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) a mis les pieds dans le plat ce mercredi. « Les compétences médicales ne se décrètent pas. Les pharmacies ne sont pas des cabinets médicaux. À ce stade, dans l’intérêt des patients, la primo-vaccination anti-Covid et la prescription des vaccins par le pharmacien ne sont ni raisonnables ni souhaitables », assène la structure du Dr Philippe Vermesch. La centrale déplore que les officinaux réclament « l’autorisation de vacciner directement eux-mêmes et de sélectionner les patients ». Le syndicat estime que « seuls les médecins libéraux, lesquels connaissent bien les antécédents médicaux de leurs patients, sont en capacité de réagir médicalement en cas d’incident et peuvent donc effectuer la primo-vaccination ».
Rôles à respecter
Ce n'est pas la première fois que les représentants des médecins tiquent face aux offres de service des pharmaciens. Dès le début de la campagne vaccinale, la CSMF avait demandé que l'acte de vaccination reste « sous supervision » des médecins et ne soit pas pratiqué, à ce stade, par les pharmaciens.
MG France estime de son côté que la mission prioritaire des pharmaciens est l'approvisionnement en vaccins et leur délivrance aux professionnels de santé, puis à la population ; tandis que le rôle des médecins est de convaincre les patients « puis de déterminer les indications et contre-indications des vaccins ». « Respecter ces rôles n'interdit pas au pharmacien de vacciner dès qu'il aura approvisionné en vaccins les cabinets du médecin et de l’infirmier », cadre le syndicat de généralistes.
Selon une enquête flash menée par « Le Quotidien » la semaine dernière (430 réponses traitées), les médecins de terrain se montrent en réalité partagés : 45 % estiment qu'il faut autoriser les pharmaciens vacciner, tandis que 51 % refusent cette option.
Blocages
Depuis début janvier, les représentants des officinaux se positionnent pour réaliser des injections le moment venu. Et pour appuyer leur demande, certains se sont émus récemment du risque de « retard au démarrage » de la vaccination en médecine de ville.
Les premiers médecins volontaires pour vacciner au cabinet avaient jusqu'à ce mercredi soir pour se manifester auprès de leur pharmacie de référence (pour commander et obtenir un flacon de 10 doses du vaccin la semaine prochaine), rappelle un message « DGS-urgent ». Or, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) estime que trop peu de médecins se sont enregistrés sur le portail faisant courir le risque « de ne pas utiliser les doses » qui resteront « a priori chez les grossistes ».
D'où la demande « d'autoriser au plus vite la vaccination dans les pharmacies », suspendue à un décret « toujours pas paru ». Une requête également soutenue par l'USPO, autre syndicat représentatif de pharmaciens, qui pointe du doigt dans « Le Monde » le blocage des médecins généralistes « par pur corporatisme ».
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