LE QUOTIDIEN : Les directeurs d’hôpital s’attendent-ils à des mois difficiles en raison du contexte financier contraint ?
JÉRÉMIE SÉCHER : Nous sommes des professionnels responsables. Nous allons donc continuer à jouer notre rôle, en mettant en œuvre la politique nationale et en déclinant l’ONDAM [objectif national de dépenses d’assurance-maladie]. Mais pour cela, il nous faut une politique publique claire, un cadre transparent. Et non des injonctions contradictoires. Prenons l’exemple du temps de travail. Si l’objectif qui nous est assigné consiste à réviser les accords locaux sur les 35 heures, il faut que cela soit affiché au plan national. Ce n’est pas le cas. Nous voulons aussi que les efforts soient répartis entre tous. Ce qui suppose de traiter jusqu’au bout les questions de la participation des libéraux à la permanence des soins, et l’encadrement de leur installation.
Quel regard portez-vous sur le projet de loi de santé ?
Le texte comporte des points positifs. Il repositionne les missions de service public à leur juste place, en rappelant le rôle particulier joué par les établissements de santé publics. Nous sommes prêts à discuter du principe de l’obligation des GHT [groupements hospitaliers de territoire], à condition que l’on n’empile pas les structures et que l’on n’impose pas un modèle défini à Paris. Nous espérons que cette loi sera en situation de porter le changement. Mais une loi tous les trois ans à l’hôpital public, c’est lourd à mettre en œuvre. Nous attendons toujours les mesures concrètes sur plusieurs sujets importants, comme le financement de la pertinence des soins. Pour le moment, le texte édicte des généralités.
Le gouvernement fait marche arrière sur la gouvernance hospitalière. Les directeurs ont-ils démérité ?
Je ne peux imaginer que le gouvernement considère cela. Le SMPS a toujours défendu la participation des médecins aux décisions prises à l’hôpital. Il y a plusieurs dirigeants à l’hôpital, mais il ne peut y avoir qu’un seul décideur. Le SMPS est donc opposé à l’évolution des modes de nomination médicale proposée par le texte, dont le seul objet est de satisfaire les corporatismes. Il ne peut y avoir une multiplication des compétences croisées, alors que les choses se passent très bien entre les directeurs et les présidents de CME dans l’immense majorité des situations.
Cette loi peut-elle restaurer l’attractivité des hôpitaux et régler le problème de l’intérim médical ?
Les questions statutaires, c’est aux syndicats médicaux d’en discuter. Aux managers, il faut donner les mêmes outils qu’en clinique privée. La clause de non-concurrence ne marche pas, il faudrait la réviser.
Nous voudrions recruter les jeunes non plus sur un poste mais sur un parcours au sein de l’établissement, pour leur donner envie de rester. Sur l’intérim médical, je n’ai lu que des généralités. J’attends de voir les mesures. Le problème ne sera pas réglé tant que l’on ne prendra pas en compte la question de la démographie et la répartition des médecins sur le territoire. Il faut aller au bout de ces sujets.
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