LE SÉNAT examine aujourd’hui la proposition de loi (PPL) sur l’expérimentation (pour cinq ans maximum)des maisons de naissance, déposée par la sénatrice centriste Muguette Dini. Depuis 15 ans, les élus s’interrogent sur le bien fondé de ces structures, qui proposent aux parturientes un suivi le plus physiologique possible de la grossesse et de l’accouchement, avec une médicalisation « raisonnée ». La raison de leur frilosité : la sécurité du patient. Dépourvues de médecins, les maisons de naissance sont gérées par des sages-femmes, présentes du début de la grossesse jusqu’à la fin du post-partum (accompagnement global) de patientes sans pathologie ni risque avéré.
100 maisons aux USA, 50 en Allemagne.
Les États-Unis comptent une centaine de maisons de naissance. Publiée en janvier, une étude américaine menée auprès de plus de 15 000 femmes indique que les taux de césariennes sont divisés par quatre chez les femmes à bas risque en maison de naissance par rapport aux taux à l’hôpital (6% contre 25 %).
En Europe, le premier « centre de naissance librement choisie » a vu le jour à Berlin, en 1987. Depuis, 150 maisons de naissance ont essaimé en Allemagne. Il existe 21 structures du même type en Suisse, huit en Suède.
En France, l’absence de cadre législatif et règlementaire empêche toute création officielle de maison de naissance. La dizaine de structures existantes est dépourvue de fondement juridique. Pourtant, elles peuvent suivre jusqu’à cent parturientes par an. Certaines sont régies par des associations de parents et de sages-femmes (Pau, Lyon, le CALM des Bluets à Paris), d’autres relèvent de « pôles physiologiques » (Hôpitaux de Beauvais, clinique de Vinci à Paris) où, faute de personnels, l’accompagnement global n’est pas toujours assuré. À l’hôpital de Pontoise, la néo-maison de naissance n’existe que grâce à la bienveillance de la direction et des médecins. Toutes sont, sinon adossées à une maternité, du moins à proximité immédiate (moins de dix minutes). Aucun accouchement n’y a lieu.
Les gynécologues ouvrent la porte.
La proposition de loi met l’accent sur la sécurité. La maison de naissance doit « être attenante à une structure autorisée pour l’activité de gynécologie-obstétrique avec laquelle elle passe obligatoirement une convention », peut-on lire. L’expérimentation dure cinq ans au maximum.
Le texte pourrait bénéficier d’un coup de pouce inattendu. En décembre 2012, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), historiquement défavorable aux maisons de naissance, a reconnu que « les facilités offertes par un plateau technique organisé pour faire face aux pathologies graves […] conduisent à en faire usage dans des situations qui le justifient moins ». « Avec les décrets instaurant laclassification des maternités, la situation est devenue pléthorique pour les établissements de type III, qui prennent autant en charge les grossesses normales que pathologiques, analyse le Pr Bernard Hédon, président. Sécurisée, une structure attenante du type maison de naissance, pôle physiologique ou unité sage-femme, pourrait y remédier ». Le 20 février, lors des débats en commission, Marisol Touraine s’est exprimée en faveur d’une expérimentation « surveillée et évaluée » des maisons de naissance.
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie