• Des cabinets fermés à la pelle
Demain, c’est vendredi 13 et il faudra un peu de chance et de persévérance aux patients pour trouver un cabinet ouvert. La totalité des syndicats représentatifs de médecins libéraux (CSMF, FMF, SML, MG France et Le BLOC) ont appelé leurs confrères à cesser leur activité pour cette journée « santé morte ». L’UFML et les coordinations ont évoqué un « Black Friday », en référence au vendredi un peu fou qui suit Thanksgiving aux États-Unis, jour d’importantes soldes (sous-entendu la santé est bradée). « C’est le point de départ d’un blocage sanitaire qui va durer », veut croire le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML, très engagé dans l’organisation logistique du mouvement. La FMF, le SML, Le BLOC mais aussi des syndicats d’infirmières et de dentistes appellent à la fermeture des cabinets jusqu’au 17 novembre.
Demain, des manifestations seront organisées dans de nombreuses villes. Les collectifs d’organisation de défense des territoires de santé (CODTS) des pays de Vannes et Lorient réuniront médecins et patients pour une marche symbolique. La CSMF annonce un pique-nique à Laval, des consultations sous une tente à Metz, des conférences de presse à Montpellier et Chartres. Samedi 14 novembre, à midi, l’UFML et les coordinations invitent soignants et patients à un pot d’adieu à la loi Touraine au port de Solférino, à Paris.
• Opérations escargots autour de points stratégiques
C’est le mot d’ordre le plus original de ce vendredi noir : des opérations escargot seront organisées autour des préfectures, caisses primaires ou ARS dans plusieurs grandes villes de France (Nancy, Dijon, Lyon, Marseille, Toulon, Montpellier, Paris, Reims, Bordeaux, Nice...). Médecins et autres soignants du Mouvement pour la santé de tous vont gagner la capitale depuis Lille, Strasbourg, Marseille, Toulouse et Rennes, dans un convoi au ralenti. Les véhicules seront customisés avec des autocollants et des affiches hostiles à la loi de santé. Difficile de prédire le nombre de voitures qui participeront au convoi mais les inscriptions allaient bon train, selon les organisateurs.
• Blocage des blocs opératoires, réquisitions
C’est la menace la plus sérieuse pour le gouvernement. Le mouvement a reçu le soutien de la FHP mais l’ampleur de l’arrêt d’activité dans les blocs dépendra de la détermination des praticiens libéraux à l’échelle de chaque établissement privé. Dans de nombreuses cliniques, les consultations et interventions programmées ont été reportées ou annulées. Autre cas de figure : le suivi des malades hospitalisés. « Les spécialistes de plateaux techniques qui se déclarent grévistes se sont efforcés dans la mesure du possible de ne pas avoir de patients hospitalisés ce jour-là en anticipant avec des opérations en ambulatoire », explique le Dr Philippe Cuq, co-président du BLOC. Reste la question centrale de la prise en charge des urgences et des femmes enceintes, mais aussi des gardes. Le Dr Cuq promet de « graves et sévères perturbations, preuve que le secteur privé est indispensable ». L’hôpital public devrait être extrêmement sollicité dès vendredi matin, puis tout le week-end, avec un risque de saturation. Les agences régionales de santé (ARS) ont analysé la situation ces derniers jours pour prononcer des réquisitions. « Nous n’accepterons que les réquisitions en bonne et due forme, remises en mains propres », prévient le Dr Cuq.
• Grève de la PDS
Entamée sporadiquement depuis plusieurs semaines, la grève des gardes (médecins effecteurs et régulateurs libéraux) sera accentuée dès demain. Les représentants de cinq coordinations locales (Hautes-Pyrénées, Finistère, Rhône, Marne et Loire) interrogés par « le Quotidien » ont confirmé la poursuite de la grève des gardes entre le vendredi 13 et le lundi 16 novembre inclus. De nombreux médecins ont été réquisitionnés pour amortir le choc.
• Manifestation lundi devant l’Assemblée nationale
Point d’orgue du mouvement, un grand rassemblement est programmé devant l’Assemblée nationale, lundi 16 novembre, à partir de 9 h, au moment où les députés examineront en séance le projet de loi de santé. Cette manifestation devrait être spectaculaire. Une centaine de médecins de Bretagne a prévu de se rendre à Paris, assure le Dr Nikan Mohtadi, de la coordination régionale. La coordination de Roanne (Loire) a affrété un bus de 50 personnes pour « monter à Paris ». « Nous avons loué des camions de 30 tonnes, des grosses sonos, imprimé 40 banderoles de 2 mètres sur 80, fabriqué 2 000 tee-shirts, bref du matériel pour une vraie manifestation », confie le Dr Marty. « Nous espérons rallier les autres professionnels de santé (infirmiers, dentistes...) opposés au projet de loi de santé », confie le Dr Charles Cousina (Rhône). Dans la Marne, les pharmaciens éteindront leur croix verte, les kinés et les infirmiers ne prendront pas de patients supplémentaires.
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