Interrogé mercredi en fin de journée, pendant plus de deux heures, par les députés de la commission d'enquête sur l'impact, la gestion et les conséquences de l’épidémie du Covid-19, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est employé une nouvelle fois à défendre sa politique face à la crise sanitaire.
« Je viens devant vous avec humilité », a-t-il assuré d'emblée aux députés de la commission d'enquête, précisant que l'heure était encore « à la lutte contre le virus et non aux solutions définitives », car des inconnues persistent. « J'ai toujours agi et parlé avec responsabilité et transparence », a souligné Olivier Véran. Il a énuméré les nombreux retours d'expérience utiles depuis le printemps (guides de préparation en réanimation, gouvernance territoriale, formations de personnels, meilleure coordination public/privé) afin d'expliquer que les autorités tiraient les leçons de la première vague. Le stock d'État a été reconstitué en équipements de protection, en respirateurs et en médicaments de réanimation, a-t-il aussi affirmé.
Sur la stratégie de dépistage, le ministre a fait valoir que les tests antigéniques, autorisés pour les médecins, infirmiers et pharmaciens libéraux, vont « se multiplier et se démultiplier » – notamment dans des lieux de passage comme les gares, les universités, en plus des cabinets. « Plus de la moitié des pharmacies en ont déjà commandé deux millions, auxquels viennent s'ajouter les 5 millions commandés via le stock d'État pour des expérimentations dans les EHPAD et les hôpitaux », a précisé le locataire de Ségur.
Pas les bras croisés
Après son coup de sang dans l'Hémicycle face à l'opposition mardi soir, le ministre s'est efforcé de calmer le jeu. « Y a-t-il un regret de votre part d'actions non mises en œuvre ou dont amplitude n'a pas été pas assez forte ? Est-ce qu'on n'a pas eu un manque cruel d'anticipation et de préparation ? », a interrogé l'élu LR Éric Ciotti (Alpes-Maritimes), évoquant le conseil de défense du 11 septembre où plusieurs sonnettes d'alarme auraient été tirées, sans aucun annonce conséquente par la suite.
« Je n'ai jamais nié ou affirmé qu'il y aurait une seconde vague tant qu'elle n'était pas là, mais j'ai toujours anticipé cette possibilité », s'est défendu Olivier Véran, rappelant qu'il n'avait eu cesse de prendre des décisions au cours de l'été, notamment à Marseille, et qu'il n'était pas resté « les bras croisés ». « Je le dis en étant très à l'aise, j'ai toujours été en phase avec ce qui s'est dit dans les conseils de défense, l'heure n'est pas encore aux regrets », a-t-il plaidé.
Éviter des départs de feu
À nouveau mis en cause sur les délais très longs (en septembre) des résultats des tests RT-PCR et la saturation des laboratoires après la décision des tests sans ordonnance, il a souligné qu'il ne voyait pas comment « faire autrement ». « Cela a permis d'identifier des clusters et sans doute d'éviter des départs de feu, avant la mise en place de la priorisation dans la douleur », a répliqué Olivier Véran.
Le neurologue a recadré aussi le député LR Jean-Pierre Door (Loiret), qui faisait état d'une « surmortalité invisible » occultée par le Covid . « Je vais tordre le cou à quelques fake news qui circulent. Je trouve insultant par exemple d'affirmer que les médecins touchent 5 000 euros s'ils déclarent un décès du Covid. Notre pays est pollué par des fausses informations, s'est-il agacé. Soyons vigilants collectivement. En période de crise, la diffusion de fausses informations, c’est presque de la haute trahison. »
Contrairement au premier confinement, le ministre de la Santé a exhorté les malades chroniques à ne pas interrompre leurs soins, en écho à la même demande de nombreux syndicats et Ordres professionnels. « L'ensemble des professionnels de santé travaillent et peuvent recevoir en présentiel ou en télémédecine l'ensemble des patients qui en ont besoin ».
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