Face à l’union sacrée de la profession contre son projet de loi de santé, Marisol Touraine s’emploie ce mercredi à lâcher un peu de lest, dans un entretien au « Figaro ».
La ministre se dit disposée à « ajuster », « préciser » et « améliorer » son projet de loi si nécessaire. Marisol Touraine déclare entendre les « inquiétudes des médecins de ville ». Elle rencontrera « l’ensemble des acteurs concernés d’ici à la mi-décembre » afin de poursuivre la concertation. Elle précise au passage qu’elle verra « de nouveau » les représentants des cliniques privées qui ont déposé un préavis de fermeture illimitée à partir du 5 janvier.
Le tiers payant « ira de soi très vite »
Mais s’agissant du tiers payant généralisé en ville, mesure phare sous le feu des critiques, la ministre ne cède en réalité aucun pouce de terrain, au risque de braquer encore davantage la profession. Elle redit qu’il s’agit d’une « avancée sociale essentielle » et que le tiers payant « très vite, ira de soi ». Peu probable que les médecins l’entendent de cette oreille, eux qui redoutent un système chronophage, des tâches supplémentaires, et une réforme qui donne le sentiment d’une médecine gratuite. Marisol Touraine précise qu’elle introduira dans la loi des « garanties aux médecins » sur le tiers payant et que les coûts de gestion seront « totalement maîtrisés ». Les délais de paiement des praticiens « n’excéderont pas quelques jours », s’engage-t-elle. Et de répéter une fois encore que le système sera « simple, efficace, non bureaucratique ».
Calcul global
Interrogée sur les revalorisations d’honoraires réclamées à cor et à cri, Marisol Touraine botte en touche. « La revalorisation des tarifs médicaux n’a rien à voir avec la loi ! », clame la ministre. En guise de fin de non-recevoir, elle souligne que la rémunération globale des médecins généralistes « ramenée à une consultation » atteint en réalité 31,40 euros (si l’on inclut les majorations personnes âgées, la rémunération sur objectifs...), un raisonnement également avancé par l’ex-directeur de l’assurance-maladie dans nos colonnes.
Liberté préservée, pas de modèle unique
Sur la fin supposée de la liberté de choix du patient, un des arguments avancés par certains syndicats, Marisol Touraine dénonce des « contrevérités ». De même, elle réaffirme que la liberté d’installation des médecins sera préservée. « Les ARS n’imposeront à personne de s’installer où que ce soit », déclare-t-elle.
Quant au grief récurrent « d’étatisation rampante » du système de santé, la ministre s’en défend. « On n’imposera pas le même modèle partout, assure-t-elle. C’est même tout le contraire : nous demanderons aux professionnels de santé de proposer des organisations qui permettent de répondre aux besoins ». Elle n’exclut pas des « ajustements » sur ce sujet.
Après l’échec des négociations interprofessionnelles, Marisol Touraine confirme l’élaboration d’un règlement arbitral (d’ici au début de 2015) pour pérenniser l’an prochain les rémunérations forfaitaires dont bénéficient les maisons de santé.
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