En cette première année de l'entrée en vigueur de l'extension de l'obligation vaccinale aux 11 vaccins pédiatriques, la direction générale de la santé (DGS) et Santé publique France (SPF) font de la vaccination du nourrisson le thème de la semaine européenne de la vaccination 2018. Les professionnels de santé et de la petite enfance sont invités à faire œuvre de pédagogie auprès de leur patientèle.
Pour les aider, le site vaccination-info-service.fr ouvre un nouvel espace qui leur est spécifiquement dédié, comprenant des informations pratiques, réglementaires et juridiques, et reprécisant les modalités de vaccination des personnes exposées à des risques spécifiques. Le portail sera amené à évoluer pour répondre aux attentes des soignants, précise SPF. Ceux-ci semblent de plus en plus mobilisés : ils auraient d’ores et déjà commandé deux millions de documents officiels, soit 60 % de plus qu'en 2017, pour la semaine européenne.
Par ailleurs, SPF lance une campagne pour promouvoir auprès du grand public ce site référence, qui comptabilise un an après son lancement plus de deux millions de visiteurs uniques. Les 11 vaccins obligatoires ne concernent-ils que les bébés de moins de deux ans ? Qu'y a-t-il dans ces vaccins ? Peut-on faire vacciner un enfant enrhumé ? Ou administrer plusieurs vaccins en même temps ? « Lorsqu'on parle de vaccination, il n'y a que de bonnes questions. Et pour obtenir de bonnes réponses, rendez-vous sur le site vaccination-info-service.fr » pourra-t-on entendre sur les ondes radiophoniques.
Une légère amélioration de la confiance mais…
Près de 78 % des Français se disent favorables à la vaccination, une proportion en hausse de 3 points par rapport à 2016, pour retrouver le niveau observé en 2014, nous apprend les données du baromètre santé 2017 (antérieures à l'entrée en vigueur de l'extension de l'obligation vaccinale).
Mais la confiance reste variable selon le niveau de diplôme, les plus diplômés donnant le plus de crédit aux vaccins (jusqu'à 86 % de bac + 5 favorables vs 75 % des sans diplôme), tout comme les parents, les 35-64 ans, ou encore les ménages les plus aisés.
Les réticences se concentrent sur les vaccins contre la grippe saisonnière, l'hépatite B et le papillomavirus humains (HPV) même elles restent légèrement inférieures à celles observées en 2016 : respectivement de - 1,3 points, - 1,8 points et - 0,9 points.
SPF alerte sur l'insuffisance des couvertures vaccinales chez le nourrisson, dans sa seconde année de vie. En 2017, la proportion d'enfants de 2 ans vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) deux doses était de 80 % et de 73 % pour le méningocoque C contre les 95 % recommandés. « L'épidémie de rougeole en France rappelle combien une couverture vaccinale de 95 % à 2 ans pour les deux doses de ROR est nécessaire pour interrompre la circulation du virus », insiste l'agence sanitaire. Plus de 1 780 cas ont été recensés depuis novembre 2017, majoritairement en Nouvelle-Aquitaine. L'augmentation rapide du nombre de cas depuis le début 2018 fait craindre aux autorités une épidémie dans toute la France.
Inquiétudes de l'Europe
L'épidémie de rougeole est aussi européenne, avec un pays sur quatre touché (au premier rang desquels on trouve la Roumanie, l'Italie, la Grèce et l'Allemagne) et 57 décès depuis 2016, suscitant une prise de conscience des Eurodéputés. « La réticence croissante et de plus en plus répandue est préoccupante », ont-ils souligné dans une résolution adoptée à main levée à Strasbourg le 19 avril, rappelant que la vaccination permet d'empêcher 2,5 millions de morts par an dans le monde. La résolution propose des pistes d'action pour restaurer la confiance, à commencer par l'amélioration de la transparence en matière de production et d'évaluation des vaccins et de leurs adjuvants, et l'indépendance des financements des programmes de recherche. « Les chercheurs doivent déclarer tout conflit d'intérêts et le cas échéant, être exclus des panels d'évaluation », écrivent-ils.
Le Parlement européen préconise une meilleure harmonisation du calendrier vaccinal à travers l'Union européenne, l'ouverture d'un dialogue scientifique avec la société civile pour lutter contre les informations non fiables sur la vaccination et la mise en place d'achats conjoints de doses de vaccins pour en réduire le coût.
Pour rappel, la Commission européenne présentera au deuxième trimestre 2018 son « initiative visant à renforcer la coopération sur les maladies évitables par la vaccination », qui a récemment fait l'objet d'un commentaire par les Académies de médecine et des sciences européennes.
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