Les retrouvailles ont été plutôt cordiales, dimanche 11 septembre, entre les 150 cadres de la CSMF réunis à Giens (Var) et le patron de la CNAM Nicolas Revel. Certes, la centrale polycatégorielle a refusé de signer fin août la nouvelle convention jugée « pas à la hauteur », « clivante » et « faisant partie du puzzle de la loin de santé ».
Pour autant, pendant les trois jours de l'université d'été, la CSMF a davantage ciblé la ministre de la Santé Marisol Touraine que Nicolas Revel, souvent ménagé. « Cette convention est loin du compte, malgré tous les efforts du directeur de la CNAM, souvent à l'écoute, faisant preuve de bonne volonté, mais aux ordres politiques », a résumé le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. « En soi, la convention n'est pas du tout catastrophique, au contraire, mais le climat politique est totalement pourri », résume un cadre généraliste sous couvert d'anonymat.
Contrairement à Marisol Touraine qui a boudé la rentrée de la CSMF (pour la deuxième année de suite), Nicolas Revel est venu s'expliquer devant les cadres confédéraux. « J'espère être encore invité l'année prochaine », a-t-il ironisé. Même s'il était convié à disserter sur… l'expertise médicale, le directeur de la CNAM est revenu sans fard sur la séquence conventionnelle en reconnaissant lui-même les « limites » de cet exercice. « L'outil conventionnel demeure fondamentalement monoprofessionnel, tarifaire et individuel, a analysé l'ex-secrétaire général adjoint de l'Élysée. On est encore peu "pluriprofessionnels" et on rémunère peu les organisations et les parcours. »
La convention en soi « est porteuse d'attentes contradictoires », a-t-il schématisé. « La volonté de transformer le système et d'innover entre en concurrence avec les exigences de revalorisations tarifaires générales », a-t-il regretté, concédant qu'« aucune convention comme aucune loi n'est parfaite ». Une façon habile de suggérer aussi que le texte pourra s'améliorer…
La fin d'un modèle
Sur les consultations longues et complexes par exemple, la CSMF estime que son projet de hiérarchisation a été « dénaturé » dans la convention, en laissant de côté de nombreuses spécialités et en ne retenant que des situations cliniques très limitées. « Nous avons trouvé une solution imparfaite, pas encore les voies de passage », admet là encore Nicolas Revel pour qui les outils actuels de financement, trop rigides et cloisonnés, « ne favorisent pas l'innovation ».
Devant les médecins libéraux, le directeur de la CNAM a jugé que les évolutions de l'exercice et du métier de médecin étaient inéluctables. « Ce qui se joue déjà, c'est la fin d'une forme d'exercice solitaire et omniscient », a-t-il plaidé. « Il faudra être plus ouvert, plus connecté, plus collectif… », a-t-il énuméré faisant écho aux réflexions engagées par la CSMF sur le regroupement, le travail en équipe, les délégations de tâches, la valorisation de l'expertise ou le médecin entrepreneur.
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