Pas de coronarographie à Chalon : mobilisés devant le ministère, médecins et usagers restent sur leur faim

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Publié le 11/07/2017
manif personnel hôpital Cahlon

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Crédit photo : Marie Foult

« Coronaro, coronaro, coronaro… ». Blouses blanches sur le dos, des médecins, infirmiers ou encore aides-soignantes du centre hospitalier William Morey de Chalon-sur-Saône ont chanté sans discontinuer, sur l'air de « Si j'avais un marteau » de Claude François, ce mardi après-midi, devant le ministère de la Santé à Paris.

Accompagnés par des délégués syndicaux (CGT-FO), les professionnels de santé étaient rassemblés pour demander une nouvelle fois qu’une activité de cardiologie interventionnelle – et particulièrement un centre de coronarographie – soit implantée dans l'hôpital de Chalon, une requête refusée par l'agence régionale de santé (ARS). Parmi les motifs du refus : le fait que les hôpitaux de Dijon et de Mâcon ne veuillent pas s'impliquer dans cette dynamique alors que c'était l'une des conditions sine qua non pour que le dossier soit accepté.

Pendant que les quelque 150 personnes donnaient de la voix sous les fenêtres du ministère, une délégation était reçue, composée notamment du président de la CME de l'hôpital, le Dr Arnaud Dellinger, du Dr Jean-Luc Philipp, chef du service de soins intensifs, du Dr Maxime Fayard, chef du projet angioplastie et du maire de Chalon-sur-Saône Gilles Platret (LR), pour essayer de plaider la cause de l'hôpital.

Recours 

 

« Pour l'instant, nous avons entrepris un recours hiérarchique contre cette décision, et s'il ne donne rien, nous ferons un recours administratif devant le juge, a précisé le Dr Dellinger. On ne veut pas nous accorder un outil pourtant "de base" dans les soins intensifs, tout ça parce que Mâcon et Dijon ont peur de voir leur activité réduite. »

Selon les médecins de Chalon, l'ouverture d'un centre de coronarographie et d'angioplastie ferait baisser de 250 à 300 actes par an l'activité du CHU de Dijon et de la clinique de Fontaine-lès-Dijon – et de 100 à 150 actes par an celle du CH de Mâcon « alors que les deux établissements sont largement au-dessus des seuils et que cela ne remettra pas en cause leur fonctionnement ».

Les praticiens mobilisés craignent surtout que l'unité de soins intensifs cardiologiques (USIC) ne puisse pas durer longtemps si elle est privée de moyens en coronaro/angioplastie. « Actuellement, 50 % des patients qui rentrent en USIC sont coronariens et le premier geste technique réalisé c'est une coronarographie, précise le Dr Philipp. Et comment attirer de jeunes médecins si nous n'avons pas des équipements adaptés ? »

Perte de chance pour les malades

Patients et usagers étaient également présents au sein du cortège. Virginie, 48 ans, s'est levée aux aurores ce mardi pour prendre l'un des trois bus qui emmenaient les manifestants jusqu'à Paris. « J'ai fait cinq infarctus, et à chaque fois on doit m'amener à Dijon alors que j'habite à 20 km de Chalon, où l'on attend parfois plusieurs heures à la queue leu leu pour avoir une coronarographie, s'indigne la patiente. S'il y avait un plateau technique sur place, on gagnerait beaucoup de temps, or là on amplifie les risques des patients, c'est dangereux ! »

La délégation, entendue pendant deux heures, est ressortie « déçue » de son entrevue avec trois représentants de la direction de l'offre de soins (DGOS, ministère). « Nous n'avons pas eu de réponse (...), a jugé le Dr Dellinger. L'ARS Bourgogne Franche Comté n'a plus légitimité à porter le dossier. » Le maire de Chalon a regretté que la ministre de la Santé n'ait pu les recevoir. « Mais nous avons eu raison de venir, a renchéri Gilles Platret. L'administration a compris qu'il se passait quelque chose. »

Tous entendent poursuivre leur action cet été. Ils seront mobilisés durant le festival « Chalon dans la rue », qui accueille plus de 200 000 spectateurs fin juillet, avant de fixer un nouveau rendez-vous à la rentrée.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr