Philippe Juvin : « Des états généraux de la santé dès cet été »

Publié le 25/04/2012
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LE QUOTIDIEN - Quelle est votre réaction au vu des résultats du premier tour?

PR PHILIPPE JUVIN - On nous donnait perdus avec cinq ou six points de moins que François Hollande. En réalité les choses sont beaucoup plus serrées, puisqu’il n’y a que deux points de différence. Une nouvelle campagne débute, pendant laquelle nous allons essayer de parler de tous les sujets. C’est pour cela que Nicolas Sarkozy a proposé trois débats, or François Hollande n’en veut qu’un. Il est évident qu’il faut parler de la santé, mais pour qu’il y ait un débat, il faut être deux. François Hollande joue l’anguille en permanence. Il est impossible en deux heures d’aller au fond des choses. Nous craignons que François Hollande confisque le débat, qu’il ne s’avance sur rien, et qu’il dise noir puis blanc puis gris sur le même sujet. Prenez l’exemple du cannabis. Il y a quelques jours, François Rebsamen ouvre la porte à la légalisation. Le lendemain survient un terrible accident avec une petite fille qui meurt, renversée par un chauffard imprégné de cannabis. Le soir, François Hollande ferme le débat et dit que ce qu’a dit François Rebsamen est nul et non avenu.

Nicolas Sarkozy a-t-il l’intention de décrire son projet santé de façon plus précise?

Nicolas Sarkozy a bâti un projet avec des lignes déjà bien précisées. La philosophie de son projet est connue. Nous avons commencé à mettre en place une palette de mesures pour rétablir l’égalité dans l’accès aux soins. Ces mesures, nous allons les renforcer. Il s’agit de la régulation à la fin des études de médecine pour faire en sorte que les ECN [épreuves classantes nationales, NDLR] tiennent compte des besoins de la région, du contrat d’engagement de service public, de l’intégration de la médecine de ville dans les études de médecine [ouverture de stages dans le privé, NDLR]. Au plan financier, il y a eu le décret Bertrand [création d’une forme de secteur optionnel, NDLR] qu’on complétera au besoin. Et sur la qualité, nous pensons que c’est à la puissance publique de classer les hôpitaux.

C’était déjà une promesse en 2007...

C’est exact. Cela fait partie des choses que nous ne sommes pas parvenus à faire, parce qu’il y a eu bien d’autres choses à faire. La première étape, c’était de retrouver un équilibre. On est passé de 40 % d’hôpitaux à l’équilibre, à près de 65 % des hôpitaux publics à l’équilibre. Ce travail d’apuration des comptes est en cours, simplement il a été plus long que prévu pour des raisons extérieures que tout le monde connaît.

Quelle sera la première action de Nicolas Sarkozy dans le champ de la santé s’il est réélu ?

Nous pensons que la première des priorités, c’est de convoquer des états généraux de la santé dès cet été, afin de mettre autour de la table tous les acteurs - professionnels, patients et financiers. Les objectifs sont multiples. Il s’agit de définir le panier de soins, décider de ce qui relève de la solidarité nationale, et faire en sorte que la France soit une grande puissance industrielle dans le champ de la santé dans dix ans.

Que vous inspire le score du Front national ?

Le Front national pose des questions auxquelles il faut répondre, telles que le droit de vote des étrangers aux élections locales, auquel nous sommes totalement opposés.

PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9119