LE QUOTIDIEN - Comment vivez-vous la charge de François Hollande contre la politique de santé du gouvernement ?
PHILIPPE JUVIN : François Hollande n’a pas l’honnêteté intellectuelle de reconnaître les succès de notre politique. Certaines de ses propositions sont déjà en cours de réalisation. Il découvre les maisons de santé alors qu’il y en a déjà 250 en France. Il en est de même pour les incitations à l’installation. Selon l’Ordre des médecins, les médecins s’installent davantage dans les zones désertifiées qu’il y a un an. François Hollande est en retard. Son programme date de 2007. Il présente des mesures (incitations, maisons de santé), incluses dans la loi HPST, alors qu’il a toujours voté contre. Enfin, certaines déclarations sont des incantations. Il propose de revenir à l’équilibre des comptes mais ne dit pas quand et comment. Et personne ne le sait.
Le candidat socialiste estime que l’hôpital public a été « maltraité ». Il entend mettre fin à la convergence tarifaire entre public et privé et revoir la gouvernance instituée par la loi HPST...
Il est contradictoire et reprend le refrain classique selon lequel la droite, ce sont les méchants qui ont cassé l’hôpital public. C’est une contrevérité. Il y a aujourd’hui davantage de moyens à l’hôpital public qu’il y a cinq ans. Les infirmières sont 35 000 à 40 000 de plus qu’au début du quinquennat Sarkozy. Il propose que l’hôpital travaille mieux avec les autres acteurs. C’est justement ce que prévoit la loi HPST. Il veut déployer l’excellence universitaire dans les hôpitaux publics. Nous l’avons fait en créant les six premiers IHU (Instituts hospitalo-universitaires). François Hollande enfile les perles sans savoir ce qui s’est fait depuis cinq ans. Il ne connaît manifestement pas le dossier.
François Hollande veut limiter les installations de médecins en secteur 2 dans les zones surdotées et encadrer les dépassements d’honoraires. Ne regrettez-vous pas, à l’UMP, de ne pas être allé plus loin sur ces sujets qui étaient des priorités du président de la République ?
Non. Sur la liberté d’instaIlation, nous ne regrettons rien car nous sommes en train de montrer que la méthode incitative est en train de payer. Hollande est ambigu, pris en balance entre un camp modéré et un camp agressif sur la liberté d’installation des médecins. Sur les dépassements d’honoraires, tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut les limiter. Mais il ne donne pas de mode d’emploi. Nous, nous avons une feuille de route. La loi de financement de 2012 a habilité le gouvernement à intervenir par voie réglementaire à défaut d’accord entre les partenaires conventionnels sur le secteur optionnel. Que va faire Hollande : interdire les dépassements d’honoraires ? Interdire les DP ? Il reste dans le flou total.
Les médecins reçus par François Hollande l’ont trouvé à l’écoute. Nicolas Sarkozy ne risque-t-il pas de perdre du terrain vis-à-vis de l’électorat médical à trop retarder sa candidature ?
Non. Nous avons affaire à deux personnalités différentes. François Hollande est dans une attitude démagogique voire populiste. Il dit devant la CSMF qu’il ne veut pas de coercition puis qu’il est prêt à limiter le conventionnement et à éteindre le secteur 2. Bref, il dit aux gens ce qu’ils veulent entendre. François Hollande, c’est Janus. De l’autre côté, le président de la République a donné un sens à la politique de santé, économiquement viable, avec un système performant. Les Français devraient vite comprendre.
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