Pour sa politique sanitaire locale, la ville de Strasbourg s'entoure d'un « comité sciences, santé et société » composé de médecins

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Publié le 25/09/2020

Crédit photo : S.Toubon

En se dotant d’un comité « sciences, santé et société », réunissant une vingtaine de médecins, de scientifiques et d’autres citoyens, Strasbourg souhaite accompagner ses élus municipaux dans la préparation et la mise en place de politiques locales autour de ces sujets.

Coordonnée par le doyen de faculté de médecine, le Pr Jean Sibilia, la nouvelle structure, consultative et indépendante, s’inscrit certes dans le contexte des mesures administratives prises face au Covid-19, mais dépasse largement le cadre de la seule pandémie.

Une première en France

« Ce comité est une première en France, se félicite le Pr Sibilia. Il pourra soit répondre aux questions posées par les élus, soit s’autosaisir de sujets d’actualité, y compris l’écoresponsabilité ou la précarité. De même, il devrait s’exprimer prochainement sur l’aggravation de la myopie dans la population, notamment liée à la lumière bleue, un problème aux conséquences fondamentales dont les politiques ne parlent jamais. » Pour lui, il importe qu’une autorité scientifique indépendante puisse « parler d’une seule voix », et de manière rationnelle. Il souligne que les divergences étalées sur la place publique, à l'image des polémiques sur le port du masque en ville ou sur l’hydroxychloroquine, « ont des effets délétères pour la population et alimentent sa défiance à l’égard des décideurs ».

Si les élus strasbourgeois n’ont pas souhaité faire appel de l’arrêté préfectoral imposant le port du masque sur l’ensemble du territoire de l’Eurométropole, le Dr Alexandre Feltz, adjoint au maire chargé de la santé, déplore que cet arrêté « ne laisse pas des endroits pour respirer aux Strasbourgeois, notamment les parcs » et rappelle qu’aucune contamination n’a jamais été enregistrée lorsque les gens se croisent dans la rue.

Un mouvement de recentralisation en Europe avec le Covid

Le Dr Feltz souligne plus globalement que l’on « ne gouverne pas une ville avec des arrêtés », à l’image de très nombreux élus locaux européens qui ont dénoncé les « recentralisations » politiques liées au Covid-19 lors du « Congrès des pouvoirs locaux et régionaux » du Conseil de l’Europe.

Pour le constitutionnaliste italien Francesco Palermo, ces reprises en main des pouvoirs par l’État sont certes fréquentes lors des crises politiques, militaires ou sanitaires, mais rien n’indique, en ce qui concerne le Covid, que les pays aux politiques de santé centralisées ou recentralisées aient fait mieux que les États fédéraux ou régionalisés.

« La pandémie a mis en danger non seulement des vies humaines, mais aussi le fonctionnement des sociétés, des institutions démocratiques et des mécanismes de gouvernance locale et régionale, favorisant la recentralisation des compétences locales », estiment les responsables du Congrès.

Denis Durand de Bousingen

Source : lequotidiendumedecin.fr