« La France, c’est la santé ! » Visitant Mayotte en octobre, c’est ainsi que le président de la République vantait les vertus civilisatrices de la métropole. Cette exclamation arrivait à point nommé sur une île aux infrastructures hospitalières sursollicitées. À l’inverse, l’affaire du chlordécone, cet insecticide qui a contaminé les Antilles, révèle notre pays sous un jour qui ne le place pas à son avantage. « L'État est le premier responsable » tance la mission parlementaire sur le sujet. Comme pour la plupart des perturbateurs endocriniens, le dossier est complexe à trancher sur le plan scientifique. Et, si la toxicité du produit est désormais bien documentée, l'étendue des dégâts sanitaires n'est pas simple à établir. Le rapport des députés réclame d’ailleurs de nouvelles études. Ce sera la mission des chercheurs qui, sous l’égide de l’INCa, vont plancher sur la forte occurence du cancer de la prostate dans ces îles. Un travail nécessaire, même s'il ne faudrait pas que l'Etat prenne prétexte du temps nécessaire pour trainer sur les indemnisations.
Sans attendre les conclusions des experts, on peut déjà se demander pourquoi on a réagi si lentement. Et s’indigner que, dans cette affaire, on ait fait si peu de cas du principe de précaution dont on se gargarise tant par ailleurs. Pourquoi, alors que les États-Unis ont interdit le produit dès 1975 à la suite de l’accident de Hopewell (la première usine fabriquant cette substance), la France a-t-elle continué de l'autoriser jusqu’en 1990 ? Pourquoi a-t-il bénéficié ensuite d’un sursis en Guadeloupe et en Martinique jusqu’en 1993 ? Et pourquoi, alors que les premiers travaux évoquant une toxicité sur des modèles animaux sont déjà anciens, n’a-t-on pas lancé plus tôt des études épidémiologiques d'envergure ? L’affaire est une nouvelle illustration des relations compliquées que la France entretient avec l’outre-mer. Mais les DROM, dont les indicateurs de santé publique trahissent déjà un réel malaise, n'avaient pas besoin de ce scandale sanitaire aux relents néocoloniaux.
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