L’organisation humanitaire Médecins du Monde a émis un certain nombre de demandes à l’endroit des candidats à la présidentielle pour défendre et améliorer l’accès aux soins pour tous. Réunies dans un livret consultable et téléchargeable sur le site www.liberte-egalite-sante.com, les propositions de Médecins du Monde (MdM) pour le maintien et l’amélioration d’un système de santé solidaire ont été présentées à la presse ce matin, après l’avoir été aux équipes de campagne de Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon et bientôt à celle de Jean-Luc Mélenchon. À l’heure où l’accès à la santé est désormais la deuxième préoccupation des Français après l’emploi, MdM rappelle que des failles sont en train de se creuser dans le secteur sanitaire français, entraînant de plus en plus d’inégalités sociales devant la maladie et la mort.
AME : un enjeu plus idéologique que sanitaire
Pour Françoise Sivignon, radiologue et présidente de MdM, l’un des écueils majeurs auxquels se heurtent certaines de leurs propositions réside dans l’instrumentalisation politique que certains candidats en font. C’est par exemple le cas de l’aide médicale d’État (AME) que l’organisation souhaite voir fusionner avec le régime général de la sécurité sociale pour « éviter une approche stigmatisante et des démarches contraignantes pour les plus précaires et les étrangers », tout en « limitant grandement le coût de gestion de deux dispositifs parallèles ». L’octroi d’une carte Vitale à ces personnes faciliterait en outre le travail des caisses et des professionnels de santé. Bien que MdM rappelle que les bénéficiaires de l’AME (dont le budget représente 0,48 % des dépenses d’assurance maladie) « ne sont pas de grands consommateurs de soins » et que les étrangers dans cette situation « participent plus à la ressource publique qu’ils n’en profitent », le dispositif reste pour l’heure « un enjeu idéologique » éloigné de toute préoccupation sanitaire, ainsi que le déplore F. Sivignon. La suppression de l’AME « sauf en cas d’urgences », telle que prévue dans les programmes de F. Fillon Et M. Le Pen est pour la présidente de MdM « éthiquement inacceptable et techniquement impossible à mettre en œuvre ».
La licence d’office pour contrer l’inflation du prix des médicaments
À la lumière de ce qu’il s’est passé avec les nouveaux médicaments contre l’hépatite C dont le coût exorbitant a obligé les autorités de santé à générer des restrictions d’accès, MdM se demande comment elles réussiront à garantir un accès équitable aux traitements innovants extrêmement onéreux « pour les malades du cancer, bien plus nombreux avec près de 400 000 nouveaux cas par an ».
L’organisation évoque à ce sujet les conclusions d’une commission d’enquête du Sénat américain qui ont démontré que l’unique critère utilisé pour fixer le prix du médicament était la recherche de la capacité maximale des États à pouvoir régler la note. Pour contrer ce système de fixation des prix dont elle avait déjà dénoncé l’iniquité et l’opacité dans une campagne précédente et qu’elle accuse, in fine, de mettre en péril tout l’édifice de protection de sociale, l’organisation propose d’activer, si besoin est, le mécanisme de licence d’office.
La possibilité de brandir la menace de cet acte d’État qui donne un cadre légal à la commercialisation de versions génériques pour des motifs de santé publique commencerait, selon MdM, à faire réfléchir certains responsables politiques, conscients que les pratiques tarifaires des laboratoires pharmaceutiques avaient révélé « des ruptures dans l’écosystème du médicament » qu’il est désormais impossible d’ignorer.
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