Plus d’un an après les premiers signalements autour des respirateurs Philips, le pôle santé publique du parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, à la suite de plusieurs plaintes déposées en juin dernier. Des plaintes pour tromperie aggravée, atteintes involontaires à l'intégrité physique, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substances nuisibles, a précisé le 8 septembre le parquet, confirmant une information de « France info ».
Depuis juin 2021, le géant néerlandais Philips a été forcé d'engager à l'échelle internationale une campagne massive de rappel de plusieurs modèles défectueux de respirateurs, utilisés notamment par des patients souffrant d'apnée du sommeil.
Ces appareils, utilisés par quelque 350 000 patients en France et 1,5 million dans toute l'Europe, contiennent une mousse insonorisante. C'est celle-ci qui est en cause : Philips a remarqué que des particules sortaient de certains appareils et pouvaient donc être inhalées ou ingérées par le patient. Ces dégradations peuvent provoquer des irritations, comme des maux de tête. Le groupe avait aussi évoqué en juin 2021 un risque « potentiel » de cancers à long terme, toujours en cours d’investigation.
3 000 effets indésirables signalés
Pourtant, malgré la promesse du groupe néerlandais de remplacer l’ensemble des appareils défectueux, en France, seul un tiers des respirateurs ont été changés. Dans ce contexte, les patients sont tiraillés entre les risques – incertains – représentés par leur respirateur et ceux – bien connus – de mettre en danger leur santé en cessant de l'utiliser.
À l’issue d'un comité d'experts réuni en juin, l'autorité française du médicament, l'ANSM, a jugé que la stratégie de Philips pour évaluer les risques potentiels liés à des respirateurs défectueux n'était « pas compréhensible », et demandait qu'elle soit clarifiée. L’ANSM a déjà reçu 3 000 signalements d’effets indésirables.
Devant l'agence sanitaire, les représentants de Philips avaient mis l'accent sur le fait que cette campagne de rappel avait été engagée par pure précaution et avait été suivie par des tests plus approfondis afin de savoir à quel point ces appareils dégagent des particules potentiellement néfastes.
Problème de santé publique
La justice « a compris qu'il s'agissait d'un problème sériel national, l'affaire devient un problème de santé publique », s'est félicité Me Christophe Léguévaques, avocat de la Fédération française des associations et amicales de malades, insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR).
L’affaire ébranle même la direction du groupe d’électronique. Mi-août, Philips a annoncé le départ anticipé de son directeur général Frans van Houten.
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