C'est sous le soleil d'Antibes que les 160 cadres de la CSMF se sont retrouvés ce vendredi pour leur traditionnelle Université d'été. Cette 27e édition intervient après des élections professionnelles où la centrale polycatégorielle a conservé son leadership en nombre d'élus et de voix – mais avec des scores en repli – avant d'assumer une signature de « compromis » de l'avenant 9 fin juillet.
Alors que la crise sanitaire est loin d'être terminée, généralistes et spécialistes confédérés, sur le pont depuis le début de l'épidémie, ne cachaient pas leur satisfaction d'être « ensemble » à l'ouverture de ce congrès, qui est à la fois la vitrine de la Conf' et un moment de brainstorming politique et stratégique alors que se profile l'élection présidentielle.
Choix assumé
Fil rouge de cette Université d'été, la santé environnementale ne devrait laisser aucun cadre indifférent. Le patron de la CSMF confie toutefois qu'il a dû « batailler en interne » pour convaincre ses troupes sur ce thème un peu décalé par rapport au calendrier politique. « J'assume ce choix, clame le Dr Jean-Paul Ortiz. Cela fait longtemps que ce sujet m'intéresse et, dans l'élection présidentielle, il sera largement débattu. Parler de l'environnement, ce n'est pas faire mode mais c'est simplement avoir une vision prospective ». « Aujourd'hui, ajoute-t-il, le médecin, assumant une responsabilité populationnelle, ne peut pas s'affranchir de cette logique en raison de l'impact de l'environnement sur la santé. Mais aussi parce que l'activité médicale, les prescriptions ont un impact sur l'environnement ».
Les chefs de file du syndicat abondent en ce sens. « Ce thème de la santé environnementale ne sort pas de notre chapeau, glisse le Dr Franck Devulder, gastro-entérologue et président des Spécialistes-CSMF. Notre ADN est d'être un syndicat qui se projette. Quand on parle de l'entreprise médicale, du cabinet 2030, comment ne pas parler de l'environnement à la fois sur le plan écologique et économique ? » Adhérent à la Conf' depuis 1984, le Dr Philippe Boutin, généraliste à Poitiers, fidèle de l'étape, acquiesce. « Les médecins se sentent acteurs mais des choix forts de société doivent être pris. L'écologie doit-elle être uniquement punitive avec des taxes supplémentaires ? », lance-t-il.
Véran ne comprend pas nos difficultés
À quelques minutes de l'intervention attendue d'Olivier Véran, ce vendredi soir en visio, les congressistes ne cachaient pas leur impatience. « Le terrain attend une reconnaissance appuyée de la part du ministre. On fait des efforts dans nos cabinets pour prendre en charge les patients au quotidien mais on n'a pas l'impression qu'il comprenne nos difficultés », tacle le Dr Jeanine Aunave-Glesner, généraliste à Valence.
Au-delà, les cadres locaux de la CSMF, qui sont aussi des rouages de la vie conventionnelle, exigent des réponses sur la place de la médecine libérale dans le système de santé et sa nécessaire valorisation. À cet égard, la signature de l'avenant 9 – qui a fait l'objet de rudes débats en interne – est considérée comme une étape nécessaire en attendant la négociation de la nouvelle convention médicale 2023 qui devra être restructurante pour les soins de ville et apporter de la simplification.
Ras-le-bol des tracasseries
« Aujourd'hui, il y a des tendances lourdes comme le développement du salariat. La médecine salariée ne séduit pas seulement les jeunes mais aussi les installés qui n'en peuvent plus des tracasseries administratives. La situation est grave et les responsables politiques doivent prendre conscience qu'on ne peut plus continuer comme avant », prévient le Dr Ortiz. « La médecine libérale est en train de se déliter, de disparaître progressivement », a-t-il avancé dans son discours d'ouverture.
D'où la volonté de mettre en avant sa vision offensive de la médecine libérale – entrepreneuriale, regroupée, innovante – mais conservant les fondamentaux dont le paiement à l'acte majoritaire par rapport aux forfaits, réservés à des « missions » vis-à-vis d'un groupe ou d'une population d'un territoire.
Ségur de l'hôpital !
Sur le plan plus politique, le néphrologue n'a pas épargné la gestion de crise sanitaire. « Les médecins libéraux ont été d'emblée sollicités dans des conditions très difficiles, sans protection, puisqu'elles étaient exclusivement réservées aux structures hospitalières et qu'elles manquaient cruellement dans le pays », a-t-il accusé. Il a évoqué les « médecins libéraux épuisés par les semaines et les mois qu’ils viennent de vivre », « des patients perdus dans ces débats scientifiques complexes ». « Rien ne nous a été facilité », a tancé le président de la CSMF.
Quant au Ségur de la santé, les médecins libéraux « ont constaté qu'on les avait encore bernés et qu'il s'agissait d'un Ségur… de l'hôpital ». Dans ce contexte, l'avenant 9 finalement paraphé en juillet a « déçu ». Et de cibler les mesures insuffisantes sur le service d'accès aux soins (SAS) pour la rémunération des soins non programmés ou pour valoriser le volet de synthèse médicale.
« Les médecins libéraux aujourd'hui ont besoin d’être compris, ont besoin d'être accompagnés dans cette mutation », a averti le Dr Jean-Paul Ortiz, ajoutant que la CSMF avait su s'opposer dans le passé à des projets ou des mesures « jugés particulièrement néfastes. » Un avertissement ?
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