« C'est probablement la dernière intervention que je fais sur la santé. » Ce mercredi, François Hollande s'est rendu à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) pour inaugurer le futur campus hospitalo-universitaire Grand Paris-Nord, projet phare de l'AP-HP prévu pour 2025, fusion de Bichat (Paris 18e) et de Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine). L'enjeu est de rééquilibrer l'offre de soins du CHU francilien dans des quartiers parfois difficiles où les populations souffrent de la précarité et de la désertification de la médecine de ville.
À 11 jours du second tour de l'élection présidentielle, le locataire de l'Élysée, emprunt de gravité, a livré dans un discours très politique un vibrant hommage à la fonction publique hospitalière et aux valeurs humanistes qu'elle incarne. « Être soigné avec humanité, être assuré par rapport aux aléas de la vie […] sans que cela ne soit jamais fondé sur la discrimination, selon les origines, la couleur de peau, la religion, le lieu de vie, c'est à partir de ces valeurs-là qu'on peut choisir d'installer un campus hospitalo-universitaire ici à Saint-Ouen, a-t-il lancé à la petite centaine d'élus, d'hospitaliers et d'Audoniens venus l'écouter dans la serre pédagogique située dans l'écoquartier de cette ville adjacente à Paris. C'est le choix d'un grand équipement, un choix d'avenir et c'est aussi un choix de société. »
Baroud d'honneur
Sous le regard de la directrice générale de l'offre de soins Anne-Marie Armanteras de Saxcé, du patron de l'AP-HP Martin Hirsch et de François Crémieux, directeur des hôpitaux universitaires Paris Nord Val-de-Seine, François Hollande s'est remémoré avec nostalgie et humour ses « nombreuses » visites hospitalières, dont celle à l'Institut du Cerveau, dont on sort « en s'interrogeant sur ses propres facultés ».
Les quelques heures passées fin 2016 dans un « lieu de fin de vie » auprès de personnels qui transmettent « la flamme d'humanité qui donne du courage, du répit et à la fin de l'apaisement » aux patients restera l'expérience hospitalière « la plus marquante » de son quinquennat.
« L'hôpital public assure l'égalité, la qualité, l'excellence et la sécurité des soins et à ce titre, je salue ses médecins et tous ses personnels qui, à chaque attentat, catastrophe ou tragédie ont été à la hauteur », a encore félicité le président, dans un discours aux allures de baroud d'honneur.
Futur hôpital Chirac ?
Favorable au projet de l'Hôpital Nord depuis son lancement, en 2013, François Hollande a rappelé en présence du maire de la ville William Delannoy (UDI) la « formidable opportunité » que représente la construction désormais d'un CHU de « 5 500 salariés et 4 000 étudiants ». « Le projet ne pouvait plus attendre. Sans enlever la qualité des soins et du travail des équipes, Bichat et Beaujon sont devenus obsolètes. Le lancement du concours d'architecture aura lieu en septembre, c’est-à-dire demain », a-t-il lancé, enthousiaste malgré son départ imminent. À la proposition de William Delannoy d'appeler le futur établissement « Hôpital Chirac », François Hollande a opposé un « accueil favorable », tout en précisant avec malice que son pouvoir de décision était trop « limité » dans le temps pour officialiser le baptême.
Un tiers de lits en moins mais plus de patients
« Très heureux » que ce soit François Hollande qui grave dans le marbre le caractère « irréversible » du projet, Martin Hirsch a remercié le président de la République pour son soutien à l'hôpital public en général et à l'AP-HP en particulier.
Le patron de l'AP-HP a confirmé que le futur établissement, qui se veut un modèle du virage ambulatoire, aurait « un tiers de lits en moins que les deux hôpitaux qu'il remplacera » mais qu'il accueillera un nombre « considérablement plus grand » de patients. « Monsieur le Président, le campus hospitalo universitaire Grand Paris Nord restera une trace importante parmi beaucoup d'autres de votre quinquennat », a conclu Martin Hirsch, visiblement ému.
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