L'hôpital de Carcassonne (Aude) a subi de plein fouet les intempéries meurtrières qui ont touché le département ces derniers jours. Dans la nuit de dimanche à lundi, les sous-sols de l'établissement ont été envahis par les eaux, causant des défaillances techniques et notamment l'interruption du fonctionnement des ascenseurs.
Dans la journée de lundi, la direction informait par voie de communiqué de la fermeture du service de chirurgie ambulatoire ainsi que de l'annulation des autres opérations programmées et des consultations prévues. Les urgences, la maternité et le centre de dialyse sont restés ouverts mais le centre 15 a dû réorienter les patients les plus graves vers les établissements avoisinants.
Comptes à rendre
Le Dr Jean-Philippe Masson, radiologue libéral exerçant au centre hospitalier de Carcassonne et par ailleurs président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) a aussitôt réagi dans un tweet.
Voilà ce qui arrive qd on construit un hôpital tout neuf en zone inondable connue! CH de Carcassonne ! pic.twitter.com/Zt8KWM41VV
— Masson J Ph (@jphmas) 15 octobre 2018
Il y dénonce un « hôpital tout neuf » construit « en zone inondable connue ». Interrogé par le « Quotidien », le radiologue affirme que « toute la ville sait que cette zone est inconstructible ».
Sans mettre en cause quelqu'un directement, le Carcassonnais s'interroge sur la responsabilité des pouvoirs publics : « Je pense que la mairie ou les services de l'État devaient être au courant ».
Inauguré officiellement par la ministre de la Santé au mois de juillet mais fonctionnel depuis 2014, le centre hospitalier de Carcassonne a, selon une cartographie avalisée par la préfecture de l'Aude la même année, été bâti sur une zone dite « Ri4 ». Le règlement du Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) de la commune de Carcassonne fixe que, dans cette zone, « toutes les constructions nouvelles sont autorisées mais devront comporter un vide sanitaire ».
« Des établissements de santé situés en zone inondable, il y en a plein », tempère Stéphanie Bidault, directrice du Centre européen de prévention des risques d'inondation (CEPRI). Beaucoup de bâtiments sont antérieurs aux premiers PPRI qui datent de 1995 et ne peuvent donc par conséquent pas en respecter les prescriptions. Qui plus est, les mesures préconisées dans les zones où la construction nouvelle est autorisée sont pour l'instant toujours « un peu faiblardes », admet Stéphanie Bidault.
Contactés par « le Quotidien », ni la direction de l'hôpital ni la préfecture de l'Aude n'ont été en mesure d'apporter des précisions sur la décision de construire l'hôpital dans une zone reconnue comme « potentiellement inondable » par le PPRI.
[Mise à jour 18h15] Par voie de communiqué, la direction de l'hôpital affirme que « l'innondation des sous-sols a été provoquée par une très brutale montée des eaux pluviales, bien plus importante que toutes les estimations établies dans le cadre de l'opération de construction » et que cette dernière « avait été validée par la direction départementale du territoire et de la mer (DDTM) ».
Résilience
Interrogée ce matin au micro de France Info, Agnès Buzyn a réagi aux événements. Elle a d'abord salué « la résilience » des professionnels de santé de l'hôpital qui ont fait face aux intempéries sept mois après l'attaque terroriste qui avait tué deux personnes à Carcassonne et à Trèbes. « Je suis donc particulièrement malheureuse pour ces professionnels qui ont été touchés par l'attentat de Trèbes, qui ont eu à gérer les blessés, qui maintenant ont à gérer ces inondations et donc je tiens vraiment à remercier tous les agents de cet hôpital », a insisté la ministre.
Également questionnée sur l'implantation de l'hôpital en zone inondable, Agnès Buzyn a indiqué ignorer les « normes à l'époque qui ont justifié que cet hôpital soit construit à cet endroit-là ».
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