Rebelote et dix de der ? Une trentaine de syndicats et associations de médecins et de paramédicaux libéraux se retrouveront aujourd’hui à Paris, place des Invalides, pour protester une fois encore contre le projet de loi de santé examiné toute cette semaine en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale, en séance publique.
Ce rassemblement parisien de la profession en colère est présenté comme le point d’orgue de cette nouvelle séquence protestataire entamée vendredi par l’opération « Black Friday », succès revendiqué par ses organisateurs.
Des animations, informations et interventions politiques ponctueront cette journée au parfum de baroud d’honneur, plus d’un an après le début de la mobilisation contre un projet de loi aussi contesté chez les médecins que les ordonnances Juppé il y a 20 ans. Au point, fait rarissime, de provoquer l’union sacrée syndicale – ou presque – contre la mesure phare du tiers payant généralisé.
La ministre de la Santé n’aura pas l’occasion de recevoir les praticiens mécontents. Marisol Touraine a pris le parti de changer de focale, en attirant l’œil médiatique à Tours, où elle exposera aujourd’hui même un plan d’action incitatif sur les déserts médicaux.
Historique pour la CSMF
Face à la mobilisation, Marisol Touraine s’est montrée jusque-là inflexible, tout en revendiquant la poursuite du dialogue. Sa loi sera votée, le tiers payant généralisé s’appliquera, c’est « une mesure de justice et même de simplification », a-t-elle plaidé vendredi.
Réclamant désormais un « moratoire », les syndicats les plus remontés contre la loi (FMF, SML, Le BLOC) ont brandi la menace d’un « blocage sanitaire » durable, dont le Black Friday ne serait qu’une étape. Leur objectif est de convaincre l’exécutif de lâcher du lest afin de « rediscuter la loi » avant le 11 février, date de la grande conférence de santé de Manuel Valls, que tout le monde boycotte pour l’instant (sauf les jeunes médecins).
Vendredi, la CSMF s’est réjouie en tout cas d’une mobilisation « historique », avec trois quarts des cabinets fermés selon ses estimations (plus de 80 % en Lorraine et Poitou Charentes, 93 % dans la Saône, 95 % en Mayenne et même 98 % à Toulouse). Le travail de terrain des syndicats, des coordinations locales et la logistique de l’UFML ont été efficaces. Plus de 800 voitures en cortège ont été comptabilisées. Deux tiers des cliniques auraient déprogrammé des opérations, selon la FHP.
Les opérations d’éclat se sont multipliées : à Strasbourg, une bonne centaine de voitures ont paralysé le trafic. À Brest, 250 médecins se sont étendus sur l’asphalte pour signifier la mort de la médecine libérale. À Angers, 300 généralistes et spécialistes ont récité le serment d’Hippocrate...
La droite en renfort
Politiquement, la colère médicale a bénéficié du coup de pouce appuyé de nombreux leaders de l’opposition, jusqu’à Nicolas Sarkozy. Pour des raisons moins opportunistes, SOS médecins et l’Ordre ont justifié et soutenu le mouvement. Seul le petit Syndicat de la médecine générale (SMG) s’est désolidarisé, dénonçant une vieille rengaine corporatiste.
Marisol Touraine – une « vraie adversaire » selon le patron de la FHP Lamine Gharbi – cédera-t-elle un pouce de terrain ? Rien n’est moins sûr. Renouvelant son appel à la « désobéissance civile », la CSMF propose aux autres syndicats une nouvelle réunion pour envisager la suite à donner au mouvement.
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