C’EST dans une atmosphère assez pesante que Marisol Touraine a répondu pendant plus d’une heure aux critiques et inquiétudes de la communauté hospitalière, lors de l’ouverture des premiers Salons de la santé et de l’autonomie (dont « Hôpital Expo »), à Paris. La ministre de la Santé s’est livrée à une partie de ping-pong verbal avec le patron de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, auteur d’un réquisitoire sur la première année de la ministre. « Déçu » et « heurté » par les « écarts » entre les déclarations d’intentions et les actes, le président de la FHF a fustigé l’instauration d’un « système de santé suradministré, voire infantilisant » pour des hôpitaux « inquiets sur leur mode de financement », dans un contexte économique contraint. « Nos relations ont connu une météo assez variable, Madame la ministre », a-t-il indiqué, pince-sans-rire. « À force d’être acide, on perd le goût de ce qu’on mange », a rétorqué cette dernière. Ambiance.
Fragilité financière.
Marisol Touraine a rappelé les « axes forts » de son action : ONDAM en progression de 2,7 %, missions d’intérêt général (MIGAC) « consolidées », fonds d’interventions régionaux « renforcés » et crédits d’investissement « préservés, avec 350 millions d’euros dès 2013 ». « Sans notre engagement massif, certains établissements en situation de grande fragilité auraient mis la clé sous la porte, a-t-elle argumenté. Lorsque je suis arrivée aux affaires, le déficit global était de 400 millions d’euros. Depuis, l’État a assumé ses responsabilités et, globalement, la situation économique des hôpitaux s’est améliorée », a-t-elle plaidé alors qu’un rapport souligne l’endettement des établissements et l’urgence d’être sélectif dans les investissements.
La conception même des investissements, a admis la ministre, doit évoluer, avec un raisonnement à l’échelle d’un territoire. Les projets de Bordeaux, Clermont-Ferrand et Avignon ont été validés, ceux de Belfort-Montbéliard, Besançon, Lille, La Réunion, Fort de France ou Nantes sont en cours d’expertise.
Au total, 1,6 milliard d’euros supplémentaires sont consacrés au secteur public et privé non lucratif en 2013.
Décrets à venir.
Marisol Touraine s’est ensuite appliquée à défendre sa « méthode de concertation ». On lui reproche la multiplicité des pactes, réunions et autres commissions ? Objection : pour lutter contre les déserts, le « pacte territoire santé » permettra la création de 200 postes de praticien territoriaux de médecine générale. Les décrets statutaires seront « publiés dans les prochaines semaines ». Pour encourager l’installation les jeunes médecins, les référents des ARS sont « opérationnels » et « déjà très sollicités ». Les décrets sur les CME (issus des travaux Couty) sont « en cours d’élaboration ». Ils permettront d’établir un nouvel équilibre entre directeurs et soignants.
Au-delà, Marisol Touraine a défendu la « stratégie nationale de santé » du gouvernement. L’hôpital devra trouver sa juste place dans la médecine de parcours, nouvel horizon affiché. « Illustrations concrètes », l’Ile-de-France, le Limousin, les Pays-de-Loire, Midi-Pyrénées, la Lorraine, l’Aquitaine, le Centre et le Nord-Pas-de-Calais développent le parcours de soins adapté aux personnes âgées (« expérimentations PAERPA »).
Les urgences hospitalières vont mal ? Une antenne SMUR a été déployée à Saint-Yrieix (Charente), le transport héliporté développé en Bourgogne. À Tours, c’est l’ouverture de 25 lits d’aval. Quant à la mise en place des médecins correspondants SAMU, « une première enveloppe financière a été transmise aux ARS fin mars », précise Marisol Touraine. Les applaudissements de fin de discours furent malgré tout timides.
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