Le Dr Jean-Paul Ortiz se pose en candidat de la modernité et du rassemblement

Un néphrologue se lance dans la course à la présidence de la CSMF

Publié le 03/02/2014
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Crédit photo : S TOUBON

Il a mûri sa décision pendant des années, rodé ses arguments, et beaucoup consulté. Le Dr Jean-Paul Ortiz, patron du syndicat des néphrologues, aux manettes de l’URPS médecins libéraux du Languedoc-Roussillon, s’apprête à officialiser une candidature « de rassemblement » à la présidence de la CSMF. Il sera opposé au chef de file des spécialistes confédérés, également patron de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), le gastro-entérologue Jean-François Rey, 66 ans, entré tôt dans la bataille (« le Quotidien » du 16 janvier).

L’élection aura lieu le 22 mars. La clé de la victoire est dans les mains d’une quarantaine de conseillers confédéraux qu’il convient de rassurer et de convaincre. La « Conf’ », malgré ses 85 ans d’histoire, entend garder son leadership dans l’univers morcelé du syndicalisme médical.

Nouvelle génération

Même s’il endosse le costume d’outsider, le Dr Ortiz, qui préside aussi le Syndicat des médecins de l’hospitalisation privée (SYMHOP) ne manque pas de cordes à son arc. Dans un courrier en forme de profession de foi adressé début décembre à l’ensemble des conseillers confédéraux (titulaires et suppléants), il affiche sa détermination à « relever le défi de la médecine libérale de demain, moderne et fière du service rendu à nos patients ».

Pas question d’incarner la rupture mais plutôt d’« ouvrir grand les fenêtres », une expression qu’il affectionne. Tout est ici affaire de dosage entre d’un côté l’héritage revendiqué (« les combats menés et gagnés » sous la direction de Claude Maffioli ou de Michel Chassang, les « valeurs fondatrices » d’une médecine libérale et sociale) et, de l’autre, la nécessaire mise à jour du logiciel confédéral qui passe par la diversification de la rémunération, le regroupement (dont il est un pionnier) et la prise en compte des mutations du corps médical français. À côté du modèle balzacien du cabinet isolé, la CSMF se doit d’être (plus ?) attentive aux aspirations de la nouvelle génération. « Il nous faut évoluer vers des organisations tenant compte de la féminisation du corps médical, du souhait d’un temps de travail allégé, de la demande pressante de contraintes professionnelles moindres que nos jeunes générations expriment », insiste-t-il dans son courrier de précandidature aux cadres de la CSMF. « Je fais partie d’une nouvelle génération de leaders au sein de la CSMF qui ont commencé à influencer l’évolution de la maison », se plaît-il à souligner.

Le levier des régions

Autre carte : l’ancrage régional, qui peut compter au moment du vote. Depuis des années, le Dr Ortiz conçoit l’URPS qu’il préside comme un laboratoire d’idées ou de travaux innovants (santé durable, nouvelles rémunérations, accompagnement des promoteurs de MSP, systèmes partagés d’information...). « Je n’ai pas besoin de promettre que j’irai sur le terrain pour créer du lien, j’y suis déjà », glisse-t-il à qui veut l’entendre.La CSMF préside l’immense majorité des unions. « Appuyons-nous sur ces expériences que les médecins ont développées partout dans les régions », explique-t-il. Le message est clair. À l’heure de la diversité des pratiques et des modes d’exercice, le salut ne viendra pas uniquement de Paris même s’il se dit attaché au maintien d’une convention médicale nationale âprement négociée.

Comme ses prédécesseurs, le Dr Ortiz revendique une présidence de combat qui embrassera tous les dossiers, de l’exercice aux honoraires, de l’organisation des soins à la régulation. Parmi les défis qu’il cite : l’explosion de pathologies chroniques, l’irruption des problèmes médico-sociaux dans le travail quotidien, le renforcement de la coordination interpro (le médecin restant « chef d’orchestre »), le recentrage de l’hôpital mais aussi la protection sociale du médecin ou le contournement du numerus clausus.

Ce féru d’alpinisme aime filer la métaphore. « Quand vous regardez le sommet de la montagne, les choses paraissent difficiles. C’est quand vous y êtes que vous mesurez le chemin parcouru ».

Cyrille Dupuis

Source : Le Quotidien du Médecin: 9298