Dès la première page de la recommandation 2021 du think tank « Économie santé », le constat est posé. « La prospective en santé, aussi étonnant que cela puisse paraître, n'existe pas en tant que telle en France. Il n'y a ni réflexion, ni organisation globale de l'avenir de la santé dans l'Hexagone ».
Comment se doter d'institutions capables de relever ce défi, en lien avec les décideurs publics ? C'est la question à laquelle ont tenté de répondre les quelque 50 membres du club de réflexion piloté par le Dr Philippe Leduc.
Pluie de risques sanitaires
La crise du Covid-19 a montré la brutalité et la soudaineté des risques sanitaires et infectieux auxquels le monde est exposé. Au-delà des pandémies, le think tank évoque les pathologies du vieillissement, la santé mentale, l'explosion des maladies chroniques, la résistance aux antibiotiques, la crise climatique ou même les cyberattaques, pour justifier de développer en France une stratégie de prospective en santé digne de ce nom.
La France ne part pas de zéro. « La connaissance et les données sur les risques pour l'avenir sont beaucoup plus étayées qu'on ne le croit intuitivement », saluent les experts. La collecte et l'utilisation des banques de données de santé en France sont un point fort de notre système avec des organes experts chargés de cette mission (SNIIRAM pour les data de l'Assurance-maladie, PMSI pour les établissements, SNDS et désormais Health Data Hub, méga plateforme française destinée à croiser les bases de données de santé existantes, à des fins de recherches médicales). « Ce qui fait défaut, c'est la facilité de leur accès, leur étude croisée et leur analyse globale et enfin, surtout, leur articulation avec le débat public et la décision politique et administrative », pointe la recommandation. Aussi, « la prospective nécessite de ne pas s'enfermer dans une logique de raisonnement préétablie », écrit le think tank. Impliquer le monde de la recherche et de l'industrie et mobiliser des moyens financiers et humains conséquents, est ici primordial pour structurer une vraie politique de prospective en santé.
Éparpillement
Las, le groupe de réflexion fait le constat d'un éparpillement. Qu'il s'agisse d'agences ministérielles, d'institutions publiques, de sociétés savantes ou de groupes d'influence, (trop) nombreux sont les acteurs à réfléchir sur l'avenir de la santé « mais il n'y a ni centralisation, ni synthèse des avis, alertes ou recommandations et encore moins d'articulation avec une quelconque décision administrative et politique ».
Pour y remédier, il est préconisé la création d'un Livre blanc sur la santé pour « structurer, rendre palpables les enjeux et associer toutes les parties prenantes ». Les auteurs de la reco 2021 citent en modèle celui qui existe depuis 2008 au ministère de la Défense, « source de nombreux enseignements ». Concrètement, ce Livre blanc fixe la stratégie française de défense et de sécurité nationale et les capacités requises pour la mettre en œuvre dans les 15 à 20 ans à venir. Une boussole et une feuille de route.
Le Livre blanc de la santé serait piloté par le Haut-commissariat au plan et « régulièrement mis à jour ». Il aurait pour objectif de proposer « un plan, mais pas une planification » à destination de l'exécutif mais également de tous les acteurs du secteur, y compris les professionnels et les usagers. Les deux chambres parlementaires pourraient se donner le rôle de contrôle des mesures préconisées.
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