LA VILLE de Cournon d’Auvergne, 20 000 habitants, dispose depuis 2003 d’une maison médicale de garde (MMG). Créée à l’initiative des médecins libéraux du secteur, elle offre la particularité de fonctionner grâce à une participation volontaire de 62 euros par mois des praticiens qui y effectuent des gardes. Le reste du budget est fourni par les municipalités du secteur, à concurrence de 0,50 euro par habitant et par an.
« Jusqu’en avril 2012, nous rendions un vrai service à la population, se souvient le Dr Olivier Voquer, médecin de la MMG, car nous fonctionnions tous les soirs et week-ends ». Chaque soir, un généraliste était de garde de 20 heures à 8 heures. Sur ce secteur d’environ 40 000 habitants, il assurait tout à la fois les consultations et les conseils téléphoniques, les visites, et même la régulation sur un numéro dédié.
Mais au 1er avril 2012, la donne change. L’ARS achève la restructuration des secteurs de garde de la région. Celui de Cournon est alors élargi à plusieurs autres communes avoisinantes. Parallèlement, l’agence impose une nouvelle organisation à la MMG où, désormais, deux lignes de gardes sont ouvertes. Un médecin assure les consultations à la MMG de 20 heures à 8 heures, et un autre les visites de 20 heures à minuit. Passé cet horaire, plus de visite et les patients sont orientés par le centre 15. « Du fait de cette régulation par le centre 15, affirme Olivier Voquer, l’activité de nuit profonde de la MMG s’est effondrée avec en moyenne 1,5 acte par nuit ».
Plus de garde après minuit.
L’ARS ne tarde pas à réagir. Constatant cette faible activité, l’agence décide le 1er février dernier de faire cesser la PDS de ce secteur à minuit, et réduit en même temps le nombre de lignes de garde. La MMG de Cournon fonctionne désormais avec un seul médecin qui assure les consultations de 20 heures à minuit. Passé minuit, la MMG est fermée. « Un autre médecin effectue les visites à ces mêmes horaires, continue le praticien, mais c’est une démarche volontaire, il n’est pas rétribué par l’ARS et ne perçoit donc que le montant des actes ». Le Dr Voquer est visiblement désappointé : « Nous apportons sur un plateau à l’ARS un dispositif efficace, qui désengorge les urgences tout en donnant satisfaction à la population, et ils décident de tout arrêter, dans une logique de maîtrise comptable qui ne tient aucun compte des surcoûts à venir dans les services d’urgence ».
À Cournon, le maire, Bertrand Pasciuto, ne comprend pas plus cette décision de l’ARS qu’il juge « scandaleuse » : « Nous avons des statistiques qui montrent que cette MMG a fait baisser de 15 % les attentes aux urgences du CHU de Clermont-Ferrand ». Avec les autres maires du périmètre du secteur de garde, l’élu ne compte pas en rester là. Si rien ne bouge du côté de l’ARS, ils envisagent d’organiser une conférence de presse commune pour dénoncer « la vision purement comptable de l’agence ».
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie