Alors qu'un train de réformes du système de santé est lancé à toute vitesse par le gouvernement (plan accès aux soins, télémédecine, création d'un corps d'infirmière en pratique avancée, etc.), le syndicat MG France ne cache pas son mécontentement. Il adresse sans détour un avertissement aux pouvoirs publics face à une accumulation de signaux jugés négatifs pour la médecine générale.
Au lieu de conforter le rôle du médecin traitant, plusieurs mesures mises en place par le ministère de la Santé convergent plutôt vers la réduction des missions confiées aux médecins généralistes, s'inquiète le syndicat. C'est le cas de la vaccination contre la grippe confiée aux pharmaciens, de la création de spécialités médicales intervenant dans le champ de compétences des médecins généralistes (gériatrie, infectiologie…). « Et pourquoi pas le contournement du médecin généraliste pour réaliser des actes de télémédecine ? », s'indigne le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.
« Les médecins généralistes ne demandent pas une réduction de leur temps médical mais de les libérer des tâches médico-administratives pour leur permettre de se centrer sur le cœur de métier, la relation avec le patient », assène le médecin installé à Ifs, dans le Calvados.
Forfait structure insuffisant
Deuxième signal inquiétant perçu par la base : la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Alors que le versement de cette prime est attendu ce mois-ci, le syndicat a alerté l'assurance-maladie sur le risque de baisse de cette prime pour les médecins. « Depuis plusieurs mois, certains médecins nous ont fait remonter des difficultés sur des indicateurs comme la cotation du taux d'INR [indicateur de surveillance du traitement anticoagulant par antivitamine K = NDLR]. Il ne faut pas discréditer cette rémunération forfaitaire pour des raisons techniques dès le début », martèle le Dr Battistoni. Son syndicat a demandé le déclenchement de la clause de sauvegarde prévue par la convention qui permet au final de garantir le maintien global de la rémunération versée au titre de la ROSP 2017 par rapport à l'année précédente.
Troisième dossier qui agace le syndicat : la création d'un corps d'infirmières en pratique avancée (IPA). Pour MG France, le gouvernement doit encore apporter des garanties concrètes sur deux points : la possible concurrence instaurée par les infirmières en pratique avancée dépendantes de l'hôpital mais projetées dans le secteur ambulatoire et le modèle économique pour rémunérer ces nouveaux professionnels. « Nous souhaitons que l'infirmière s'intègre dans l'équipe de soins primaires et que la nature de sa rémunération soit décidée par l'équipe. L'importance est le lien avec l'équipe », souligne le Dr Margot Bayart, vice-présidente de MG France.
Quatrième point d'inquiétude : la télémédecine. Si le cadre de l'expérimentation convient au syndicat, il attend encore des avancées de la CNAM sur le forfait structure envisagé pour aider les médecins à s'équiper. « Nous avons demandé une évaluation exacte du coût de l'équipement et de l'abonnement du médecin sur la plateforme sécurisée », avance le Dr Battistoni. La CNAM propose une participation de 350 euros pour 2019 alors que le coût avancé par le syndicat serait de l'ordre de 1 000 euros.
Un secrétariat de pratiques avancées et un assistant médical
Face à ces signaux, MG France réclame des avancées rapides sur le dossier des fonctions supports, nécessaires « pour aider les médecins à préparer les projets de santé, pour les libérer des tâches administratives ou encore pour faire face aux nombreux départs à la retraite de la génération du baby-boom ».
Ces fonctions supports pourront travailler au sein d'un « secrétariat de pratiques avancées » que le syndicat propose de créer. Ces professionnels pourront gérer les prises de rendez-vous, la coordination avec les professionnels de santé, etc. Le syndicat suggère aussi la création d'un nouveau métier d'assistant médical. « Cette personne n'est pas un secrétaire médical mais pourra assurer la prise de tension ou encore l'électrocardiogramme », martèle le Dr Battistoni, très offensif. Sera-t-il entendu par Agnès Buzyn ? À voir…
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