La ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé dimanche 1er décembre, à l’occasion de la Journée mondiale contre le sida, la baisse de 7 à 5,5 % du taux de TVA qui s’applique aux préservatifs.
Appelant « les fabricants à jouer le jeu en répercutant cette diminution », la ministre chiffre l’économie à « dix ou vingt centimes d’euros par boîte ». « Cela devrait à la fois inciter les jeunes et les moins jeunes à mieux se protéger et favoriser la contraception », a-t-elle estimé dans le « Journal du Dimanche ».
Campagne de prévention
En France, l’épidémie de sida reste stable avec 150 000 personnes touchées. Mais « l’an dernier, 6 400 nouvelles contaminations ont eu lieu et près de 30 000 personnes ignorent qu’elles sont porteuses du virus », a rappelé Marisol Touraine.
L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) alerte en effet sur la diminution de l’utilisation du préservatif. Si les jeunes se protègent dans la majorité des cas pour le tout premier rapport sexuel, leur vigilance est nettement moindre lors des rapports suivants. Lors du dernier rapport chez les moins de 30 ans, seulement 34 % des hommes affirment avoir mis un préservatif, contre 50 % en 2004, sans avoir fait de test de dépistage récent. Constat similaire chez les hommes ayant des relations avec des hommes (HSH) : 38 % d’entre eux déclarent au moins une pénétration anale sans préservatif dans les 12 derniers mois avec des partenaires occasionnels, de statut VIH inconnu ou différent contre 33 % en 2004. Cette population reste pourtant très touchée par les infections sexuellement transmissibles (elle concentre 80 % des cas de syphilis et 42 % des cas de gonorrhée), et par le VIH, dont les découvertes d’infection ont augmenté de 30 % en 2012. Enfin, les migrants d’Afrique subsaharienne sont 38 % d’hommes et 44 % de femmes à estimer que les préservatifs ne sont pas une pratique banale.
L’INPES réaffirme donc que « la meilleure défense, c’est le préservatif » à travers une campagne de prévention qui commence ce lundi 2 décembre, via des affiches dans les transports, les lieux de convivialité fréquentés par les jeunes, les HSH, les migrants, des bannières Internet et des annonces dans la presse.
« Goutte d’eau »
Le directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), Jean-François Delfraissy, a salué la décision gouvernementale, en soulignant que le préservatif était « la pierre angulaire de la prévention ».
Pour Aides et Act Up, l’annonce gouvernementale ne constitue toutefois qu’une « goutte d’eau » par rapport aux efforts nécessaires en matière de prévention et de dépistage.
« Ce n’est pas dix centimes de moins sur une boîte qui va changer grand-chose. Ce qu’il faut, c’est donner la possibilité aux personnes de sentir qu’elles peuvent être concernées par le risque, cela demande du travail de terrain et de rencontrer les gens et notamment les groupes les plus exposés, comme les gays, les usagers de drogues, les migrants... C’est ce qu’on fait à travers nos actions de dépistage qui ne sont pas suffisamment financées », souligne Bruno Spire, président d’Aides.
« Baisser la TVA sur les préservatifs c’est toujours bon à prendre, mais ce n’est que très partiel par rapport aux énormes efforts à faire », a déclaré Laura Pora, responsable d’Act Up Paris.
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